
Triste record pour les Antilles françaises. L’année 2025 s’annonce comme celle où les échouages de sargasses — des algues brunes — auront été les plus nombreux, en Guadeloupe comme en Martinique : « En trois mois, on a déjà collecté en mer l’équivalent de 4 500 tonnes de sargasses. L’année dernière, sur la même période, nous n’étions qu’à 1 500 tonnes. On ne s’y attendait pas du tout », s’étonne Frederick Voyer, directeur du Groupement d’intérêt public (GIP) Sargasses en Martinique.
Ces algues se développent à la surface de l’eau et l’intégralité de leur cycle de vie se fait en pleine mer. Elles s’agglomèrent en de vastes radeaux pouvant atteindre plus de 1 000 m² pour plusieurs mètres d’épaisseur. Lorsqu’elles échouent encore humides sur les plages, une odeur d’œuf pourri se dégage dans l’air et embaume les rues des communes les plus exposées — celles du nord de l’île — comme Le Marigot, Sainte-Marie et Trinité.
C’est le moment où s’enclenche le mécanisme de décomposition, qui atteint son pic au bout de quarante-huit heures. Les sargasses produisent alors de l’ammoniac et du sulfure d’hydrogène. (...)
Durant cette phase, les sargasses sont particulièrement dangereuses pour la santé des riverains, comme le souligne une enquête, publiée le 24 juin par le comité indépendant d’experts du centre hospitalier universitaire de Martinique, réalisée sur 154 patients durant un an. Elle confirme que l’exposition répétée aux sargasses affecte les individus.
École fermée pendant une journée
80 % des patients observés se plaignent de troubles neurologiques, de troubles digestifs (77 %), respiratoires (69 %), oculaires (64 %), ORL (53 %) et psychologiques (33 %). L’agence régionale de santé de Martinique met pourtant en place un plan d’action spécifique depuis quelques années, avec des détecteurs capables d’identifier et d’alerter les autorités en cas de pics sévères en matière de rejets toxiques. C’est ainsi qu’en mai, l’école François-Duval de la commune du François, dans l’est de l’île, a dû fermer ses portes pendant vingt-quatre heures.
En Guadeloupe, la situation n’est pas meilleure (...)
Selon une étude de l’Institut de recherche pour le développement, l’arrivée massive de cette année serait due à un phénomène météorologique appelé oscillation nord atlantique. Une sorte de transfert des masses d’air du nord au sud, qui se mesure par une différence de pression atmosphérique entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande.
Ce changement aurait affecté significativement les courants marins océaniques et contribué à la dispersion des sargasses plus au sud, loin de leur bassin d’origine, dans la mer des Sargasses, au large du golfe du Mexique. (...)
Un plan sargasses au budget insuffisant (...)