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« Les animaux détestent le nucléaire » : à Bure, la lutte antinucléaire se réinvente
#Bure #nucleaire #antispecisme
Article mis en ligne le 29 avril 2025
dernière modification le 27 avril 2025

S’opposer au nucléaire et à l’oppression faite aux animaux, un même combat ? Aux rencontres Les Bestiales, à Bure, les militants l’affirment : l’antispécisme est une lutte au cœur de toutes les autres.

(...) quasiment 200 personnes ont fait le déplacement sur l’ensemble du week-end pour apprendre et échanger sur le sujet. Les profils sont variés, des simples curieux aux antispécistes convaincus, certains venus par les milieux écoféministes, d’autres par la lutte antinucléaire.

« Ça a du sens de venir parler d’antispécisme ici, dans cet endroit qui parle de différentes luttes », souligne Gab ]. La Maison de résistance à la poubelle nucléaire est une ancienne ferme en ruine, rachetée en 2004 et remise en état par des militantes et militants, pour fournir un toit aux personnes voulant lutter contre Cigéo, le projet d’enfouissement des déchets nucléaires prévu à Bure.

« Des mutations chez les papillons irradiés »

« Les animaux aussi détestent le nucléaire », rappellent les organisateurs et organisatrices des Bestiales, à l’occasion de conférences et dans des brochures mises à disposition. En raison des catastrophes nucléaires bien sûr — des études ont par exemple relevé des mutations chez des papillons irradiés autour de Fukushima (Japon) ou des hirondelles à Tchernobyl (Ukraine) — mais aussi des conséquences de l’activité nucléaire civile quotidienne. Un article de Mediapart a par exemple révélé, en 2020, que des millions de poissons sont pris au piège et meurent chaque année dans les systèmes de refroidissement des réacteurs nucléaires français.

« Le concept du nucléaire, c’est de sacrifier des espaces et des vies au profit d’autres. C’est donc forcément spéciste et colonialiste », dit un militant. Et de conclure : « Les luttes antispécistes doivent être antinucléaires, et les luttes antinucléaires doivent prendre en compte les autres espèces. » (...)

À la sortie des discussions, cette notion de convergence des luttes semble avoir marqué les esprits. « Dans un écosystème, il y a constamment des interactions entre les différentes espèces vivantes. Ce qui va avoir un impact sur les humains en aura aussi sur les animaux non humains, et on doit aussi lutter contre », pense Nico. (...)

« L’antispécisme est une lutte contre un énième système d’oppression », synthétise L’Arnaque.
Le boycott, et après ?

Pendant cinq jours, les conférences et débats ont donc mêlé différentes luttes, comme l’antiracisme — en abordant l’antitsiganisme parfois présent dans le milieu de la protection animale, sous couvert que les gens du voyage s’occuperaient mal de leurs animaux. « C’est génial de réussir à créer des dialogues, même sur des sujets compliqués », se réjouit Lau.

Malgré la diversité des discussions et des conférences proposées, les participants et participantes ont fait part de quelques manques en fin de journée. Des débats pour réfléchir à la façon d’inclure les éleveurs et éleveuses dans la transition antispéciste, par exemple, ou des questionnements au « niveau organisationnel ». « Que doit-on faire pour établir un rapport de force, pour faire des actions, pour avoir un impact concret au-delà du seul boycott [des produits d’origine animale] sur toute l’industrie spéciste ? » interroge Gab.

Quelques bribes de réponse ont été trouvées (...)

Reste à voir si l’antispécisme réussira à trouver une place au sein des autres résistances.