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Les affranchis, des acteurs majeurs des sociétés coloniales
#escalavage #colonisation #affranchis
Article mis en ligne le 3 octobre 2023
dernière modification le 2 octobre 2023

Les affranchis ont souvent été réduits à une simple catégorie intermédiaire entre les maîtres et leurs esclaves. Frédéric Régent présente leur grande diversité au cours des XIVe-XIXe siècle.

Les sociétés esclavagistes de l’époque moderne ont donné naissance à une catégorie d’affranchis se distinguant de ceux des sociétés antiques. Cette histoire des « libres de couleur » s’étend sur quatre siècles et concerne plusieurs sociétés européennes. Il en découle une histoire plurielle puisque les affranchis dans les territoires appartenant aux monarchies ibériques du XVIe siècle ont une situation et un parcours différents de ceux du XIXe siècle en Amérique. L’historien Frédéric Régent propose ici une synthèse aboutie sur cette catégorie sociale particulière mais montre aussi que l’histoire des affranchis est une clé de lecture complémentaire pour comprendre aussi bien la Reconquista que certaines révolutions. Autre point particulièrement intéressant, il montre leur rôle dans les combats du XIXe siècle pour obtenir l’égalité. (...)

La particularité des sociétés coloniales européennes du XVIe au XIXe siècle est qu’elles ont recours à des esclaves dont la couleur de peau est plus foncée que celle des Européens. Ces esclaves sont très majoritairement originaires d’Afrique, auxquels il faut ajouter des Amérindiens, des Malgaches, des Indiens, des Malais et même quelques Polynésiens. L’esclave affranchi dans les sociétés coloniales a donc une couleur de peau différente de son ancien maître (sauf si celui-ci est déjà de couleur). Cette identification d’un passé esclave va être utilisé par les autorités coloniales pour gérer les affranchis et leurs descendants. (...)

Avec le temps, se met en place dans toutes les colonies européennes une législation discriminatoire contre les affranchis, appelée le préjugé de couleur dans les colonies françaises.

Ce qui complique la compréhension des sociétés coloniales, c’est qu’entre le début de la colonisation et la mise en place des politiques discriminatoires, un certain nombre de descendants d’affranchis métissés avec des Européens sont enregistrés et recensés comme blancs dans les documents de l’époque. Le fait d’être blanc ne correspond pas à un gradient de couleur précis, mais à une réputation. (...)

Pour ceux qui ont une vision manichéenne des sociétés esclavagistes, apprendre que des gens de couleur ont des esclaves est toujours un choc. Pourtant ce phénomène est loin d’être marginal. On estime qu’un quart des esclaves de Saint-Domingue appartenait à des libres de couleur. (...)