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Mediapart
Législatives : quinze candidats RN ont entretenu des liens directs avec la Russie de Poutine
#extremedroite #RN #Russie
Article mis en ligne le 20 juin 2024
dernière modification le 18 juin 2024

JusquJusqu’à l’invasion de l’Ukraine en 2022, le Rassemblement national (RN), financé par des prêts russes obtenus en 2014, a ostensiblement défendu la Russie de Vladimir Poutine. Ce positionnement déteint sur les investitures aux élections législatives.

Selon le décompte de Mediapart, au moins quinze candidat·es investi·es par le RN ont effectué, avant 2022, des missions d’observation électorales pour la Russie ou des visites à haut niveau à Moscou, ou bien ont été les piliers d’associations faisant la promotion du régime de Vladimir Poutine.

La famille Le Pen

Investie à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) pour la troisième fois, Marine Le Pen est celle qui a érigé la ligne prorusse en discours officiel du parti entre 2011 et 2022. Pendant ces années, la cheffe de file du RN, qui a dit publiquement son « admiration pour Vladimir Poutine », a été reçue au plus haut niveau à Moscou : par le président russe lui-même en 2017, mais aussi, à trois reprises, par le président de la Douma (à l’époque Sergueï Narychkine), ou encore par le président de la commission des affaires étrangères à la Douma et le vice-premier ministre.

En 2014, son père et elle ont décroché deux prêts russes, à hauteur de 11 millions d’euros au total, pour financer les campagnes du parti. Deux ans plus tard, elle a signé un projet de prêt russe – finalement resté sans suite – qui prévoyait le versement de 3 millions d’euros pour « financer la campagne électorale présidentielle ». Plusieurs de ses conseillers successifs (Emmanuel Leroy, Aymeric Chauprade, Ludovic de Danne) ou proches (Frédéric Chatillon) ont été d’ardents soutiens de Poutine.

Durant cette période, elle a aligné ses déclarations et votes sur les intérêts du régime de Vladimir Poutine, contestant même toute annexion « illégale » de la Crimée. Si elle a condamné l’invasion russe en février 2022, elle s’est montrée clémente à l’égard de la Russie, imputant l’« escalade » à Emmanuel Macron, qu’elle qualifie de « va-t-en-guerre ». Avec le RN, elle a exclu les armes offensives dans l’aide à apporter à l’Ukraine, s’est opposée aux sanctions énergétiques à l’égard de la Russie et a mis sur la table la reconnaissance d’une Crimée russe parmi les modalités de résolution du conflit.

Son ex-compagnon, Louis Aliot, premier vice-président du RN, qui l’a accompagnée lors de rencontres à haut niveau à la Douma, fut quant à lui invité par le Kremlin comme « observateur » électoral de la présidentielle russe en 2018. (...)

Dix élus RN « observateurs » des élections russes

Ces missions d’observation en Russie, en Crimée et dans le Donbass, condamnées par la communauté internationale, sont le plus souvent « à l’invitation des Russes et payé[es] par les Russes », comme l’avait indiqué l’eurodéputé Thierry Mariani. Dans son rapport, en 2022, la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères avait estimé que ces voyages étaient « une des manières privilégiées par le Rassemblement national d’afficher son soutien au régime de Vladimir Poutine », et que le pouvoir russe « a pu vouloir utiliser la légitimité de députés européens pour valider le discours et les actes du Kremlin ».

Lors de son audition, le patron de l’époque du service de renseignement intérieur français (DGSI) s’était ouvertement interrogé sur les motivations de ces élu·es : « Accepter de servir de caution à un processus prétendument démocratique et transparent revient à franchir un cap en termes d’allégeance envers le pays concerné », déclarait Nicolas Lerner, ajoutant, sans citer de parti, que certains parlementaires avaient « manifestement entretenu des rapports de nature clandestine avec des services de renseignement ».

Ils sont nombreux, au RN, à avoir mené de telles missions d’observation électorale. (...)

Ces missions en Russie ont été au cœur de l’audition devant la commission d’enquête de Thierry Mariani. Prorusse assumé, l’ancien ministre avait observé plusieurs élections, dont les législatives, à l’approche de la guerre, fin 2021, ce qui lui avait valu d’être sanctionné par la Cour de justice de l’Union européenne. (...)

Des transfuges membres d’associations pro-Poutine

Parmi les candidats RN transfuges de la droite, on trouve également des personnalités qui sont ou ont été d’ardents prorusses. (...)