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"Le Royaume-Uni acte la perte de ses valeurs" : les ONG et institutions choquées par la loi britannique sur les expulsions au Rwanda
#migrants #immigration #RoyaumeUni #Rwanda
Article mis en ligne le 25 avril 2024
dernière modification le 24 avril 2024

Les appels internationaux se multiplient partout dans le monde pour exhorter le Royaume-Uni à renoncer à expulser des demandeurs d’asile vers le Rwanda, après l’adoption par le Parlement britannique de cette loi qualifiée d’"historique" par le Premier ministre Rishi Sunak. Selon Londres, les premiers vols pourraient décoller à l’été 2024.

"Avec cette loi, le Royaume-Uni acte la perte de ses valeurs au niveau des droits humains". Yann Manzi de l’association Utopia 56, n’en revient toujours pas. "C’est incroyable, cette loi. C’est un signal qui va faire peur à tout le monde, évidemment. On ne va pas se mentir là-dessus... Mais les gens continueront à traverser la Manche", enchaîne-t-il. "Ils ont déjà traversé la planète, ils vont pas s’arrêter là à 30 km de leur but, loi ou pas loi."

Le fondateur de l’association, présente sur les campements de migrants dans le nord de la France, fustige l’adoption mardi 23 avril du projet de loi britannique permettant l’expulsion au Rwanda de demandeurs d’asile entrés illégalement au Royaume-Uni. Une loi pourtant qualifiée d’"historique" par le Premier ministre Rishi Sunak qui espère débuter les expulsions "d’ici 10 à 12 semaines", à l’été 2024 donc. (...)

Outre Yann Manzi, les appels se sont multipliés, de l’ONU aux Églises chrétiennes, pour exhorter le Royaume-Uni à faire marche arrière sur cette loi jugée "immorale" ou encore "cruelle".

À l’international, les Nations Unies ont ainsi demandé à Londres de "reconsidérer son plan". L’ONU déplore déjà certaines lois britanniques "de plus en plus restrictives qui ont érodé l’accès à la protection des réfugiés" depuis 2022. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, et son homologue en charge des réfugiés, Filippo Grandi, ont appelé le gouvernement "à prendre plutôt des mesures pratiques pour lutter contre les flux irréguliers de réfugiés et de migrants, sur la base de la coopération internationale et du respect du droit international des droits de l’homme".

"Une tache sur la réputation du pays"

Même incompréhension au niveau européen. Le commissaire du Conseil de l’Europe pour les droits de l’homme, Michael O’Flaherty, a dénoncé dans ce texte une "atteinte à l’indépendance de la justice". (...)

Ce projet est une "honte nationale" et il "laissera une tache sur la réputation morale de ce pays", a réagi de son côté Amnesty International. Dans un autre communiqué commun, Amnesty, Freedom from Torture et Liberty, estiment ainsi que le texte constitue "une menace significative pour l’État de droit".

Les responsables des Églises chrétiennes ont elles aussi réitéré dans une déclaration commune leurs "profondes craintes" quant au précédent qu’établit ce texte sur le traitement réservé aux "plus vulnérables".

Le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer, grand favori pour être le prochain Premier ministre, a étrillé, lui, un "gadget" qui "coûte absolument une fortune". (...)

La peur gagne du terrain dans les campements du nord de la France

Du côté des exilés, la peur gagne du terrain. "Ils vont vraiment renvoyer les gens au Rwanda ?", interroge, incrédule, Sultan, un Afghan, tout juste informé de l’adoption et qui vit sur le campement de migrants de Loon-Plage, dans le nord de la France. "Qu’est-ce qu’on est censés faire maintenant ? Où est-ce qu’on peut aller ?", s’emporte un de ses amis, avant de s’éloigner. "Tout le monde est choqué", résume Sultan, désabusé. (...)