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Le Danemark, qui accède à la tête de la présidence de l’UE, veut encore durcir la politique migratoire européenne
#Danemark #UE #immigration #migrants
Article mis en ligne le 30 juin 2025
dernière modification le 28 juin 2025

Le Danemark, qui prendra le 1er juillet la présidence du Conseil de l’Union européenne (UE) pour une durée de six mois, entend profiter de l’occasion pour pousser ses pions et durcir encore le traitement des demandeurs d’asile et les recours en justice. Mais Copenhague a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a annoncé la couleur lors d’un récent déplacement à Berlin et entend s’activer sur deux fronts : l’externalisation des demandes d’asile et la restriction de la portée des arrêts de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). (...)

"Nous avons besoin de nouvelles solutions pour réduire l’afflux en Europe et pour renvoyer efficacement ceux qui n’ont pas le droit de rester dans nos pays", a-t-elle dit face au chancelier Friedrich Merz qui vantait le "modèle" danois.

"Zéro" réfugié

Le Danemark, où la part de personnes d’origine étrangère est passée de 3,3% à 16,3% entre 1985 et 2025, justifie sa volonté de limiter l’accueil des migrants par le maintien d’un État providence généreux. En parallèle, son besoin de main-d’œuvre étrangère a bondi, le nombre de permis de travail accordés doublant en moins de dix ans, mais ceux-ci peuvent être rapidement révoqués. (...)

Il y a deux ans, son gouvernement avait suspendu son projet de transférer ses demandeurs d’asile hors d’Europe, possiblement au Rwanda. Bien que les essais d’externalisation par des États européens aient tous échoué, "il [devrait] y avoir une tentative européenne de faire quelque chose sur le sujet" pendant la présidence danoise, souligne à l’AFP Michala Bendixen, présidente de l’organisation "Refugees Welcome".

Sur un autre front, le Danemark s’est associé à l’Italie et sept autres pays pour demander une réinterprétation de la Convention européenne des droits de l’Homme sur les migrations, arguant qu’elle protégeait parfois "les mauvaises personnes".
Une marge de manœuvre limitée

Mais le Danemark a-t-il les moyens de ses ambitions européennes ? Rien n’est moins sûr, selon les spécialistes.

Déjà parce que le pays qui assure la présidence n’a pas vraiment de "pouvoir" exécutif. "La présidence a pour rôle de donner une impulsion aux travaux législatifs du Conseil tout en maintenant la continuité du programme de l’UE", rappelle le site du Conseil de l’UE. Il veille aussi à "la bonne coopération entre les États membres [en jouant] le rôle d’un intermédiaire intègre et neutre".

En ce qui concerne la Cour européenne des droits de l’Homme, "la présidence n’aura aucune influence sur le sujet car la CEDH dépend du Conseil de l’Europe et non des instances de l’UE", rappelle Tania Racho, chercheure en droit européen et consultante chez Désinfox-Migrations, contactée par InfoMigrants. (...)

En mars, la Commission européenne avait ouvert la voie à des "hubs de retour", sous pression de plusieurs États membres. En clair, l’UE veut construire des centres dans des pays tiers - sur le même modèle que l’accord entre l’Italie et l’Albanie - pour y envoyer des personnes dont la demande d’asile aurait été rejetée et faisant face à une Obligation de quitter le territoire. "Cela pose des questions sur la durée de rétention de ces personnes, qui est encadrée au sein de l’Union", insiste encore la chercheuse.

Depuis son élection à la tête de la sociale-démocratie danoise il y a dix ans, Mette Frederiksen, a changé le cours de son parti en matière d’immigration, dans la lignée des gouvernements précédents de droite, soutenus par l’extrême-droite. (...)

Elle a qualifié à plusieurs reprises l’immigration non-occidentale de "plus grand défi" pour le Danemark. En 2024, elle avait soutenu un député, Frederik Vad, qui avait affirmé que certains immigrés bien intégrés "sapaient" parfois la société danoise de l’intérieur.