
Contrairement à une idée reçue, l’éco-anxiété n’est pas une maladie, mais une réaction émotionnelle adaptée face aux enjeux environnementaux. Les jeunes et les autres groupes disposant de peu de pouvoir dans la société sont les plus concernés. Mener des actions collectives aide à surmonter ses inquiétudes.
Des émotions liées à la perte écologique
L’éco-anxiété peut être définie comme l’ensemble des réactions émotionnelles, principalement négatives mais parfois aussi positives, liées à la peur de l’effondrement environnemental et à la perte écologique. Il s’agit des émotions que nous éprouvons face à la dégradation de notre planète et à la prise de conscience que certains changements seront irréversibles. (...)
L’éco-anxiété présente de nombreuses similitudes avec le processus de deuil. Comme dans le cas d’une perte, elle implique des phases d’incrédulité, de tristesse, de colère, et parfois de culpabilité ou de honte. Ce processus nécessite du temps pour être traversé et peut conduire à une transformation personnelle.
Toutefois, l’éco-anxiété ne doit pas être confondue avec les situations vécues par les populations qui souffrent d’anxiété, de dépression voire de troubles post-traumatiques car leur environnement de vie est en train de disparaître du fait, notamment, du dérèglement climatique. (...)
contrairement à une idée répandue, l’éco-anxiété n’est pas une maladie. Les spécialistes, notamment l’American Psychological Association (APA), la considèrent comme une réaction saine et adaptée face à une réalité environnementale préoccupante. En 2016-2017, l’APA a clairement établi que l’éco-anxiété n’est pas pathologique, mais correspond à une réponse normale face aux défis environnementaux actuels.
La tendance à médicaliser l’éco-anxiété peut être vue comme une manière d’individualiser et de minimiser le problème. (...)
Les études montrent que, dans la population, certains groupes sont plus susceptibles d’éprouver de l’éco-anxiété et de se sentir concernés par les enjeux de justice climatique :
Les jeunes (...)
Les minorités ethniques (...)
Les femmes (...)
Les personnes à faibles revenus (...)
Cette distribution de l’éco-anxiété reflète les inégalités sociales existantes et souligne que les groupes ayant le moins de pouvoir dans la société sont aussi ceux qui s’inquiètent le plus des conséquences du changement climatique.
Le reflet d’une injustice sociale (...)
Tout comme le sexisme, le racisme ou l’homophobie peuvent affecter la santé mentale des groupes marginalisés, l’inaction face au changement climatique génère un mal-être chez ceux qui en subissent ou en subiront le plus les conséquences.
L’impact positif des actions climatiques collectives (...)
Participer à des initiatives de groupe permet de sentir moins isolé face à ces préoccupations, de partager ses inquiétudes avec des personnes qui les comprennent, d’agir concrètement et avoir un impact plus significatif et aussi de développer un sentiment d’efficacité et de contrôle. (...)
Face à l’éco-anxiété, le rôle des professionnels de santé n’est pas de « soigner » un trouble individuel, mais plutôt de reconnaître la légitimité de ces inquiétudes et d’orienter les personnes vers des actions collectives constructives. (...)
Transformer l’inquiétude en force motrice (...)
Plutôt que de chercher à « traiter » l’éco-anxiété, nous devrions la voir comme un appel à l’action. Elle nous invite à repenser notre rapport à l’environnement et à nous engager collectivement pour un avenir plus durable.
En reconnaissant l’éco-anxiété comme une réponse légitime et en encourageant l’action collective, nous pouvons transformer cette inquiétude en une force motrice pour le changement positif. (...)