Nombreux sont les signes d’une période éprouvante pour l’hôpital public. Pourtant, face aux demandes de moyens supplémentaires, les gouvernements successifs et experts des systèmes de santé répondent qu’il suffirait de repenser sa place dans le système de santé et d’en réformer le mode de gestion afin de le rendre économiquement performant pour répondre aux « attentes » des « usagers ».

Contre cette vision sommaire et simplificatrice, deux témoins privilégiés confronteront leurs expériences pour alimenter les débats, Fanny Vincent en s’appuyant sur ses travaux de recherche et le Dr Christophe Prudhomme sur son expérience de praticien urgentiste.La conférence de Fanny Vincent proposera un décryptage de la « crise » de l’hôpital public en s’appuyant sur plusieurs enquêtes et sur ses recherches sur les conditions de travail des personnels soignants, questionnant notamment les effets concrets de la domination gestionnaire sur le travail et la santé des travailleur·se·s. L’ouvrage dont elle est co-auteure avec Pierre-André Juven et Frédéric Pierru montre que les réformes entreprises depuis les années 1980 ont progressivement fragilisé l’organisation des soins au point d’en interroger aujourd’hui la pertinence et de promouvoir l’innovation organisationnelle et techniques comme remède miracle aux maux hospitaliers. Derrière ces lectures concurrentielles et parfois antagonistes se joue la conception même du rôle et de la place de l’hôpital public.

Le Dr Christophe Prudhomme témoignera quant à lui des spécificités de l’évolution des conditions de travail aux urgences, au cœur de l’actualité sociale de ces derniers mois, et de leurs impacts en termes de santé publique.