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Foreign policy (traduction DeepL.com/Translator)
J’ai travaillé avec Netanyahu. Il est temps qu’il se retire.
#Israel #Hamas #Palestine #Gaza #Cisjordanie
Article mis en ligne le 7 novembre 2023
dernière modification le 6 novembre 2023

Un ancien ambassadeur des États-Unis en Israël explique pourquoi Bibi a perdu son mandat et la confiance des plus proches alliés de son pays.

Les jours de Benjamin Netanyahu en tant que premier ministre d’Israël sont comptés. Il peut soit accepter la responsabilité des échecs politiques, opérationnels et en matière de renseignement qui ont été évidents le 7 octobre, lorsque le Hamas a massacré plus de 1 400 Israéliens, soit être poussé vers la sortie par la commission d’enquête qui suivra la guerre. Il devrait partir maintenant, tant que sa respectabilité est intacte.

M. Netanyahou a servi plus longtemps que tout autre dirigeant israélien, ce qui témoigne de ses compétences politiques astucieuses et de l’image qu’il s’est forgée de M. Sécurité. Le Hamas a fait éclater cette image de manière spectaculaire, dans une attaque barbare qui déchirera l’âme d’Israël pendant de nombreuses années.

Les dirigeants responsables suivent le dicton de l’ancien président américain Harry S. Truman selon lequel la responsabilité s’arrête au bureau du patron. Le 7 octobre, M. Netanyahou n’était pas un novice au poste de premier ministre. Il a été élu pour un second mandat en 2009 et a gouverné depuis lors, à l’exception d’une courte pause lors de la formation d’une coalition alternative.

Son bilan est résolument mitigé. Le secteur de la haute technologie israélien s’est épanoui au cours des dernières décennies, mais c’est en grande partie l’armée israélienne qui a joué le rôle d’incubateur, et non le président israélien. Les liens avec certains pays arabes se sont développés dans le cadre des accords d’Abraham, mais cela n’a pas grand-chose à voir avec le sens de la diplomatie de M. Netanyahou. Il a surtout préféré étendre les colonies dans les territoires occupés, au risque de compromettre les perspectives de paix avec les Palestiniens.

Le détournement de fonds vers les colonies et les institutions de la communauté ultra-orthodoxe a aidé M. Netanyahou à consolider sa base politique et à se faire réélire. Mais cela s’est également fait au détriment des institutions publiques israéliennes, notamment du secteur de l’éducation. Un rapport de 2021 affirmait que 50 % des enfants israéliens recevaient une "éducation du tiers-monde". Le coefficient de Gini d’Israël - qui mesure le degré d’égalité d’un pays en fonction de la répartition des revenus - s’élevait à 52,2 en 2019, plaçant le pays au bas de l’échelle mondiale, entre l’île Maurice et le Sénégal.

Pendant les deux mandats de Barack Obama à la Maison Blanche, M. Netanyahou a mis en péril la relation stratégique la plus importante d’Israël, au point de faire dérailler les relations américano-israéliennes. Le dirigeant israélien s’est concentré sur la menace de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire. Cela l’a conduit à une confrontation amère avec l’administration Obama dans la période précédant l’accord nucléaire avec l’Iran, le Plan d’action global conjoint (JCPOA) de 2015. Au cours de cette période, M. Netanyahou a menacé de bombarder l’Iran, a fait des commentaires vitupérants à l’encontre de M. Obama et de ses principaux collaborateurs et, dans le dos du président, s’est arrangé pour s’adresser à une session conjointe du Congrès.

Bien avant le JCPOA, M. Netanyahou avait l’habitude de faire la leçon aux présidents américains. Il l’a fait publiquement à Obama en 2011, en présence de journalistes dans le bureau ovale. Il a également fait la leçon à Bill Clinton en 1996, dans un cadre plus privé, ce qui a suscité la réaction de ce dernier, qui s’est exprimé par des jurons, lors de la rencontre.

En fait, les relations difficiles de M. Netanyahu avec les États-Unis ont commencé bien avant l’administration Obama. Je l’ai rencontré pour la première fois en 1989, alors qu’il était vice-ministre israélien des affaires étrangères et que j’étais vice-secrétaire d’État adjoint, en visite en Israël dans le cadre de l’équipe de paix du secrétaire d’État James Baker. Nous sommes arrivés à Jérusalem à la mi-mai, au moment où le Premier ministre Yitzhak Shamir dévoilait une proposition de paix en quatre volets.

Lors d’un déjeuner à la résidence du premier ministre, j’étais assis à côté de M. Netanyahou et nous avons discuté longuement. À ma grande surprise, M. Netanyahou a clairement fait savoir qu’il n’était pas satisfait de la politique de son propre Premier ministre, ce qui a créé une situation embarrassante : L’administration américaine était plus favorable à un plan de paix israélien que l’un de ses plus hauts responsables.

Un peu plus tard, l’assistant de Baker m’a convoqué dans le bureau du secrétaire. Un Baker furieux brandissait un communiqué de presse au titre choquant : "Netanyahou : les États-Unis sont construits sur des mensonges et des fabrications". J’ai essayé de rassurer Baker en lui disant que cela ne pouvait pas être exact.

La citation était en effet incorrecte, mais pas de beaucoup. M. Netanyahou avait fustigé l’administration en déclarant que "la politique américaine était fondée sur des mensonges et des fabrications". Depuis ce jour et jusqu’à la fin de l’administration Bush, M. Netanyahou était persona non grata au Département d’État.

Des années plus tard, j’ai été ambassadeur des États-Unis, alors que M. Netanyahou était ministre des finances dans le gouvernement du Premier ministre Ariel Sharon. M. Netanyahou était prêt à prendre des décisions difficiles pour redresser l’économie israélienne, comme le lui demandaient instamment le Fonds monétaire international et les États-Unis. En réponse, le gouvernement américain a proposé, à ma demande pressante, un certain nombre de mesures d’incitation comme une sorte de filet de sécurité pour le resserrement de la ceinture imposé par Netanyahou.

Au cours de cette période, j’ai vu Netanyahou régulièrement pour discuter de questions économiques et politiques, en particulier de la décision de Sharon de 2003 de se désengager et de se retirer de Gaza. La position de M. Netanyahou sur le désengagement était révélatrice. Il a voté en sa faveur mais a démissionné quelques jours avant le retrait effectif.

Cette expérience et d’autres m’ont beaucoup appris sur l’homme, validant ce que j’avais écrit des années plus tôt dans une note informelle au secrétaire d’État Warren Christopher : Netanyahou est un homme d’une grande intelligence, mais il n’a pas de "GPS politique" pour savoir comment aller là où il veut aller. Il pouvait formuler de grandes idées mais avait parfois du mal à les traduire en actions.

L’ambivalence de M. Netanyahou concernant la paix et la question des territoires occupés a paralysé la politique israélienne pendant des décennies. D’une part, son discours de Bar Ilan en 2009 indiquait sa volonté de poursuivre la paix avec les Palestiniens, avec d’importantes mises en garde. D’autre part, son soutien sans faille aux colonies dans les territoires occupés, la négligence active de son gouvernement face à la violence des colons contre les Palestiniens et sa politique d’affaiblissement de l’Autorité palestinienne ont exacerbé la situation sur le terrain tout en renforçant l’emprise d’Israël sur les territoires qu’il occupait.

Tous ces éléments ont fait de M. Netanyahou un casse-tête, tant sur le plan de la politique que de la personnalité. Il a fait de la sécurité sa priorité, mais a sapé le partenariat stratégique vital d’Israël avec Washington. Il est plus habile politiquement que n’importe qui d’autre dans le pays, mais il s’est associé avec les figures les plus extrêmes de la droite et les plus ultra-orthodoxes de l’échiquier politique. Ses propres chefs militaires se sont opposés à lui sur l’Iran et ont soulevé des questions sur son approche de la question palestinienne. Enfin, ses indiscrétions personnelles présumées ont donné lieu à de multiples inculpations pour corruption. Au cours de l’année écoulée, M. Netanyahou a divisé le pays avec un plan de réforme judiciaire controversé, motivé en partie par sa propre volonté d’éviter les poursuites.

Ces distractions ont contribué à l’échec systémique du gouvernement israélien avant le 7 octobre. Soyons clairs : le Hamas et lui seul est responsable du massacre qu’il a perpétré en violation de tous les impératifs moraux de l’humanité. Mais Netanyahou a orchestré une politique d’apaisement du groupe, croyant qu’il se satisferait d’une hudna, ou trêve, à long terme, plutôt que de respecter sa charte originale, qui appelle à la destruction d’Israël. Cette politique a conduit Israël à sa guerre la plus meurtrière depuis des décennies.

La guerre à Gaza finira par se terminer. Mais lorsqu’elle le sera, les Israéliens et les Palestiniens n’auront pas d’horizon politique vers lequel se tourner, pas de processus de paix à relancer et peu d’espoir d’un avenir meilleur. Il s’agit là aussi d’un héritage des longues années de pouvoir de M. Netanyahou.

Il y a quelques jours, M. Netanyahou a tenté de se soustraire à ses responsabilités en rejetant sur les chefs des services de renseignement et de l’armée la responsabilité des défaillances en matière de sécurité qui ont conduit aux attaques du Hamas. La réaction de colère aurait dû le convaincre que les Israéliens ne le laisseraient pas s’en tirer à si bon compte. En effet, dans une enquête publiée cette semaine par l’Institut israélien de la démocratie, une majorité significative d’Israéliens a exprimé une plus grande confiance dans les chefs des forces de défense israéliennes que dans M. Netanyahou. La plupart de ses compatriotes comprennent qu’il a placé ses propres intérêts au-dessus de ceux de l’État et de ses citoyens. Afin d’éviter les poursuites judiciaires liées à son inculpation, il a mis en péril toute une nation. Ayant perdu son aura de protecteur d’Israël et n’ayant pas réussi jusqu’à présent à définir les objectifs de guerre d’Israël à Gaza au-delà de l’hyperbole de la destruction du Hamas, M. Netanyahou s’accroche maintenant au pouvoir pour l’amour du pouvoir lui-même.

La langue hébraïque n’a pas de mot spécifique pour désigner la responsabilité. Les Israéliens utilisent plutôt le mot achrayut, qui se traduit par "responsabilité". M. Netanyahou a évité de rendre des comptes par le passé, notamment à la suite de l’incendie du Mont Carmel en 2010, qui a tué 44 Israéliens, ou de la bousculade de 2021 lors d’un pèlerinage religieux, qui a fait 45 morts. Et il tente de l’éviter aujourd’hui. Il est temps pour lui de porter l’achrayut - la responsabilité et l’obligation de rendre des comptes. Il est temps pour lui de se retirer.