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« J’ai perdu ma dignité » : à Calais, les exilés seuls face aux inondations
#exilés #Calais #inondations
Article mis en ligne le 15 novembre 2023

« C’est très difficile en ce moment. » Mohamed, originaire du Soudan, fait partie des quelque 4 000 réfugiés présents sur le littoral nord, dont 1 500 à Calais, à avoir fait face à la tempête Ciarán le 2 novembre dernier. Au milieu des flaques d’eau, les pieds dans la boue et les vêtements trempés, lui et les autres exilés du campement de fortune appelé Old Lidl, près de l’hôpital de Calais, tentent de se réchauffer. Mais leur sort n’intéresse pas les médias.

L’attention médiatique est davantage tournée vers les communes du Pas-de-Calais et du Nord touchées par de graves inondations, dont 230 d’entre elles ont été reconnues en état de catastrophe naturelle le 14 novembre. En dix jours, le Pas-de-Calais a reçu l’équivalent de trois mois de pluie. (...)

Les dégâts sont considérables, avec des centaines de communes encore sous les eaux le 14 novembre. La préfecture dénombre plus de 10 000 sinistrés, et 1 355 évacuations ont eu lieu. Les autorités locales ont mobilisé des équipements municipaux, des gîtes et des places en foyers pour reloger les personnes en ayant besoin. (...)

Pourtant, le campement de fortune Old Lidl n’est plus qu’une immense flaque de boue au milieu de laquelle sont posées de maigres tentes offrant un abri dérisoire face à l’humidité et au froid.

Mohamed, âgé d’une cinquantaine d’années, tente de se réchauffer autour d’un feu de camp allumé sous un abri de bâches bleues tendues entre des branchages. « Je n’ai plus un seul vêtement sec. J’ai l’impression d’avoir perdu toute dignité », dit-il, tout en s’empressant de servir un thé brûlant, préparé à même le feu, pour réchauffer le visiteur de passage. (...)

À quelques pas de là, Nour, 15 ans, est épuisé par les expulsions effectuées par les forces de police toutes les 48 heures. Bien que mineur, il est seul sur le camp. « La police prend nos tentes et déchire les bâches. La dernière fois, j’ai demandé à un policier pourquoi il faisait ça. Il m’a répondu qu’il faisait “son travail”. » (...)

Vendredi 10 novembre, douze associations ont publié une lettre ouverte à la sous-préfète de Calais. Se disant convaincues que le respect des droits fondamentaux ne pouvait passer que par la mise en place de structures d’hébergement pérennes, elles demandent néanmoins la mise en place d’un hébergement d’urgence durant cet épisode exceptionnel.

Dans cette lettre, elles soulignent que les services du Samu social sont saturés, de même que les centres d’accueil et d’examen des situations (Caes). « Aucune solution étatique n’a été proposée », écrivent-elles.

Le texte n’a depuis suscité aucune réaction des autorités. Tout comme le sitting devant la sous-préfecture de Calais, le 14 novembre, rassemblant une quarantaine de familles et des associatifs. (...)

« On est en pleine crise météo sur tout le département, mais j’ai l’impression que la priorité est encore donnée à la lutte contre un soi-disant effet d’appel d’air. » (...)