
Des Palestinien·nes d’Israël, ainsi que des juifs·ves de gauche, sont suspendu·es de leurs universités, licencié·es ou arrêté·es la nuit, tout cela à cause de messages postés sur les réseaux sociaux.
(...) Une atmosphère de répression croissante
Depuis plus d’une semaine, l’attention du monde entier – ainsi que celle de la plupart des Israélien·nes et des Palestinien·nes – s’est portée sur l’escalade de l’attaque de l’armée israélienne contre la bande de Gaza, à la suite du massacre et des enlèvements perpétrés par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël. La persécution politique croissante à l’intérieur d’Israël contre les Palestinien·nes et certains Juifs·ves qui s’opposent à la destruction et au blocus de la bande de Gaza est passée inaperçue. (...)
Selon l’organisation palestinienne de défense des droits de l’homme et le centre juridique Adalah, basés à Haïfa, une cinquantaine de Palestinien.ne.s étudiant à la Bezalel Academy of Arts and Design de Jérusalem, à l’université de Haïfa, au Western Galilee College, à l’université de Tel Aviv et dans d’autres établissements universitaires ont été convoqué.e.s ces derniers jours devant des comités disciplinaires sur la base de publications sur les médias sociaux considérées comme soutenant le Hamas – et certain·es d’entre elles et eux ont été informé·es qu’ils avaient été suspendu.e.s de leur université.
Le bureau du procureur général a annoncé lundi qu’il avait « demandé à certains directeurs d’établissements d’enseignement supérieur, qui l’ont contacté à la suite de cas d’étudiants ayant publié des propos faisant l’apologie du terrorisme, de transmettre les détails à la police israélienne, afin que leur cas puisse être traité dès que possible au niveau pénal, au-delà du niveau disciplinaire géré par l’établissement d’enseignement. Nous allons maintenant examiner le cas de plusieurs étudiants israéliens qui auraient publié des propos faisant l’éloge du Hamas et lui apportant leur soutien. »
Mais la persécution croissante de ces derniers jours ne s’est pas limitée aux institutions universitaires. La Coalition de la société civile pour les situations d’urgence dans la communauté arabe, récemment créée, rapporte qu’au moins 30 citoyen.ne.s palestinien·nes d’Israël ont été licencié·es de leur emploi – dans le commerce de détail, les entreprises de transport et les restaurants, ainsi que dans la municipalité de Jérusalem – depuis le 7 octobre, en raison de messages sur les médias sociaux perçus comme soutenant l’attaque du Hamas. Par ailleurs, les inspecteurs de la municipalité ont empêché aujourd’hui des ouvriers arabes du bâtiment – y compris des cadres supérieurs – d’accéder à plusieurs sites dans le centre d’Israël.
La police israélienne a déclaré qu’au moins 170 Palestinien·nes ont été arrêté·es ou interrogé·es depuis l’attaque du Hamas sur la base de l’expression en ligne. (...)
Autre cas étrange survenu la semaine dernière : un candidat à la mairie de la ville bédouine de Rahat a été arrêté, soupçonné d’avoir « aidé l’ennemi en temps de guerre », sur la base d’une brève analyse politique qu’il avait rédigée et partagée sur Facebook. Dans le message incriminé, Amer Al-Huzail, docteur en sciences politiques et figure bien connue de Rahat, donnait son interprétation des possibilités d’une réoccupation israélienne de la bande de Gaza.Autre cas étrange survenu la semaine dernière : un candidat à la mairie de la ville bédouine de Rahat a été arrêté, soupçonné d’avoir « aidé l’ennemi en temps de guerre », sur la base d’une brève analyse politique qu’il avait rédigée et partagée sur Facebook. Dans le message incriminé, Amer Al-Huzail, docteur en sciences politiques et figure bien connue de Rahat, donnait son interprétation des possibilités d’une réoccupation israélienne de la bande de Gaza. (...)
L’avocat d’Al-Huzail, Shehada Ibn Beri, a déclaré lors de l’audience que son client « est un personnage respecté, titulaire de diplômes universitaires, avec mention, obtenus en Allemagne. Il lit, il comprend, il analyse. Je pense que ce qui se passe ici dépasse les bornes ». (...)
Une chanteuse vedette palestinienne d’Israël arrêtée (...) Abu Amneh était en train de déposer une plainte au poste de police de Nazareth contre des militants de droite qui lui avaient envoyé de multiples messages de menace incitant à la violence contre elle et sa famille, lorsqu’elle a reçu un appel de ses enfants : des policiers du département d’Afula frappaient à la porte de leur maison de Nazareth et demandaient à la voir. Après lui avoir parlé au téléphone, les policiers sont arrivés au poste de police de Nazareth et l’ont arrêtée. (...)
La répression à l’encontre de la liberté d’expression s’étend également du niveau de l’État et des institutions universitaires à la société dans son ensemble. Israël Frey, éminent journaliste juif ultra-orthodoxe de gauche et critique virulent de la politique israélienne – qui a déjà été convoqué pour un interrogatoire de police à cause de ses tweets – a fait l’objet d’une campagne d’intimidation à son domicile de Bnei Brak dans la nuit de dimanche à lundi, lorsque des manifestants d’extrême droite ont tiré des fusées éclairantes sur son appartement et l’ont poursuivi alors qu’il s’enfuyait. (...)
Par ailleurs, le ministre des communications, Shlomo Karhi, a présenté lundi au cabinet de sécurité de la Knesset une nouvelle législation qui lui donnerait le pouvoir de retirer des émissions des ondes et de confisquer le matériel de diffusion si un programme est considéré comme portant atteinte à la sécurité nationale ou à l’ordre public, ou comme contribuant à la « propagande de l’ennemi ». Le ministre du Likoud aurait déjà proposé une loi encore plus draconienne – abandonnée au profit du projet de loi relativement plus modéré présenté lundi – qui aurait donné à la police le pouvoir d’arrêter les civils qui partagent des informations qui « sapent le moral des soldats et des résidents d’Israël face à l’ennemi ».
Karhi aurait également demandé la fermeture du bureau d’Al-Jazeera en Israël pour des raisons similaires.