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Israël : la colonisation a corrompu l’État et les consciences
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #colonisation
Article mis en ligne le 4 juin 2024
dernière modification le 2 juin 2024

« IL Y A UN CHEMIN QUI MÈNE DE L’HUMANITÉ, PAR LA NATIONALITÉ, À LA BESTIALITÉ ! »

Antisémite ! En pleine panique morale, le lobby qui soutient le massacre des Palestiniens n’a plus que cette invective en brandissant le massacre des Israéliens du 7 octobre.

Or l’histoire n’a pas commencé ce jour-là.

Depuis 1948, Israël a mené quinze guerres contre Gaza.

Pourquoi ? C’est une histoire complexe mais qui peut se rapprocher d’une mémoire française, la colonisation. La référence à la « guerre » d’Algérie peut permettre de comprendre la tragédie de Gaza.

Le sionisme s’est développé à la fin du XIXe siècle quand le colonialisme triomphant s’étendait sur le monde. Mais en 1948, alors que ce colonialisme, suite à la guerre, amorçait son déclin, c’est là que naissait Israël, au détriment des populations arabes chassées de leurs demeures et de leur terre.

Et depuis 75 ans, malgré tous les avertissements, tous les efforts, toutes les espérances, c’est finalement ce nationalisme colonial obscurantiste et violent qui a imposé sa spirale de massacres sans fin.

Des voix israéliennes ont combattu ces aveuglements, y compris dans le camp sioniste. Voix plus rares aujourd’hui mais qui résistent. La plus claire et la plus forte – et la plus singulière – est sans doute la voix de Yeshayahou Leibowitz, rencontré en 1991.

YESHAYAHOU LEIBOWITZ (1903-1994) fut l’un des intellectuels les plus marquants de la société israélienne. Très écouté, très redouté, il n’a pas cessé de mettre en cause avec force la politique de son pays. À commencer par la colonisation qui corrompt l’État et les consciences. À contre-courant de l’euphorie guerrière de la guerre des Six-Jours, il recommandait haut et fort de rendre les territoires. Une contestation étonnante de la part d’un sioniste assumé qui soutenait ainsi le courant israélien qui s’est toujours opposé à la colonisation. Philosophe, scientifique, théologien, moraliste, ancien officier de la Haganah, rédacteur de l’Encyclopédie hébraïque, tribun puissant, il était la « mauvaise conscience d’Israël » (...)

Lire aussi :

 (Wikipedia)
Yeshayahou Leibowitz

Yeshayahou Leibowitz, avec ses positions anticonformistes, son franc-parler sur le judaïsme (dont la halakha ou loi juive) et surtout sur l’armée et la politique d’Israël, s’était fait de nombreuses inimitiés dans les cercles religieux et non-religieux.
Politique et sionismemodifier

Ce sont surtout ses positions politiques qui le rendirent impopulaire : il fut en effet un ardent critique de la politique israélienne, tant dans le système de gouvernement (coalitions de partis…) que dans l’occupation de territoires arabes, arguant que « l’occupation détruit la moralité du conquérant »[7]. Il soutenait d’ailleurs les objecteurs de conscience qui refusaient de servir dans les territoires occupés[8].

Dans un essai de 1968 intitulé The Territories, Leibowitz postule un avenir inquiétant :

« Les Arabes seraient les travailleurs et les Juifs les administrateurs, les inspecteurs, les fonctionnaires et la police, principalement la police secrète. Un État gouvernant une population hostile de 1,5 à 2 millions d’étrangers deviendrait nécessairement un État policier secret, avec tout ce que cela implique pour l’éducation, la liberté d’expression et les institutions démocratiques. La corruption caractéristique de chaque régime colonial prévaudrait également dans l’État d’Israël. L’administration supprimerait l’insurrection arabe d’une part et acquierrait des Quislings (traitres) arabes d’autre part. Il y a aussi de bonnes raisons de craindre que les forces de défense israéliennes, qui ont été jusqu’à présent une armée populaire, à la suite de leur transformation en une armée d’occupation, ne dégénérent, et que ses commandants, qui seront devenus des gouverneurs militaires, ressemblent à leurs collègues d’autres nations »[9].

Lors de l’exécution par le Mossad de personnalités palestiniennes et arabes après la prise d’otages et le massacre des athlètes olympiques israéliens à Munich en septembre 1972, Leibowitz considère les attaques terroristes palestiniennes à l’étranger contre les Israéliens comme des actes de « terrorisme contre le terrorisme » (...)

Ses remarques, peu après l’invasion du Liban en 1982, sur le fait que certaines actions de soldats israéliens au Liban démontreraient l’existence d’une mentalité « judéo-nazie », provoquèrent une tempête de réactions[6]. Il soutient ainsi un retrait unilatéral de l’armée israélienne des territoires occupés[11]. À l’encontre de l’opinion générale qui prétend que ce genre de rhétorique relève de l’antisionisme, Leibowitz ne cessa de réaffirmer jusqu’à la fin de sa vie, par ses écrits et dans ses entretiens, sa foi dans la légitimité du sionisme. En outre, il accusait régulièrement la classe politique de corruption, et militait contre la prolifération de l’arsenal nucléaire. (...)