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Ingérence russe dans les législatives : la France a-telle vraiment besoin de Poutine pour se déchirer ?
#electionslegislatives #extremedroite #Russie
Article mis en ligne le 4 juillet 2024
dernière modification le 3 juillet 2024

Une étude du CNRS pointe le rôle de la Russie et de ses trolls sur les réseaux sociaux dans l’effritement du front républicain. Quitte à exagérer, selon certains chercheurs, l’influence que ces opérations ont sur l’opinion.

(...) ne risque-t-on pas de renverser la charge de la preuve, induisant que si le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, c’est nécessairement l’aboutissement d’une stratégie de fracturation de la société française, et pas le résultat de notre propre politique intérieure ? « On sait que le marketing psychologique mobilisé par la Russie fonctionne, mais puisqu’il est distribué, c’est impossible de mesurer précisément son effet », rétorque David Chavalarias, qui préfère s’intéresser au caractère systémique de l’offensive qu’à son efficacité chiffrée.

Effet de loupe ?

En matière d’ingérences étrangères, la même question revient inlassablement : faut-il donner autant d’importance à ces tentatives d’influence ?

Kevin Limonier, directeur adjoint du centre Geode (Géopolitique de la datasphère), l’un des meilleurs spécialistes du cyberespace russophone, craint l’overdose. « Si j’ai appris quelque chose en quinze ans de recherches, explique-t-il, c’est qu’il faut réfléchir à deux fois avant de communiquer. Ce ne sont pas des phénomènes dont on peut appréhender la complexité dans le temps de l’actualité, et la sur-réaction perpétuelle érode la crédibilité. C’est aussi faire le jeu de nos adversaires en ajoutant du bruit au bruit. »

Maxime Audinet, docteur en études slaves de l’Université Paris Nanterre et chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire, est sur la même ligne : « Il faut rappeler que les acteurs de l’influence russe se repaissent et capitalisent largement sur ces représentations de “tireurs de ficelles” pour alimenter leur modèle entrepreneurial ou donner des gages de succès à leurs commanditaires », écrit-il sur X en réaction à l’étude de David Chavalarias.

Sous des dehors de querelles savantes, ces différences d’approche sont moins picrocholines qu’elles en ont l’air dès lors qu’elles produisent des effets. Elles ont vocation à motiver, sinon alimenter, la décision politique. Le cas échéant, devant un traumatisme démocratique, à se voiler la face et à rendre une puissance étrangère responsable de ses propres maux.

Consulter le rapport ⬇️
 Minuit moins dix à l’horloge de Poutine
Jusque là, tout se passe comme prévu
David Chavalarias
CNRS, EHESS/CAMS & ISC-PIF

Le projet Politoscope observe depuis 2016 le militantisme politiques sur
X/feu-Twitter
. Nous avons développé des méthodes pour analyser les dynamiques sociales et de débats, ainsi que les manipulations d’opinions.
Permettant de passer en accéléré ces dynamiques sociales, il est possible de caractériser un processus d’affaiblissement puis d’inversion du front républicain à l’approche des législatives de 2024 et d’identifier les stratégies de subversion qui l’ont favorisé. Ces stratégies de basse intensité, pilotées ou influencées pour la plupart par le Kremlin, se déploient sur des échelles de temps trop longues pour que les acteurs du débat en aient conscience.
Elles visent à déstructurer la société française de manière systémique pour provoquer une
transition vers une société fermée ou une démocratie illibérale. (...)