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"Ils sont à la rue" : 116 jeunes migrants en recours expulsés d’un gymnase à Toulouse
#MNA #migrants #Toulouse #expulsions
Article mis en ligne le 3 mars 2024
dernière modification le 2 mars 2024

À l’aube, ce vendredi, 116 jeunes migrants ont été expulsés du gymnase Saint-Sernin de Toulouse où ils avaient trouvé refuge. Auparavant, ces derniers avaient déjà été évacués par la préfecture d’un bâtiment universitaire. Considérés ni mineurs ni majeurs par l’administration, la plupart sont en recours pour faire reconnaître leur minorité. Les bénévoles peinent depuis de longs mois à obtenir leur mise à l’abri.

"Si on appelle le 115, on ne trouvera jamais de place"

Cet après-midi, les bénévoles ont réussi à négocier un accès au gymnase pour récupérer les affaires restantes : duvets, papiers d’identité, vêtements... Depuis une semaine, la centaine de jeunes exilés avait trouvé refuge dans ce gymnase appartenant à la mairie.

La collectivité avait saisi un juge des référés dès samedi dernier, à leur arrivée, en vue d’une expulsion. Le tribunal administratif lui a donné raison, en ordonnant, mercredi, une évacuation "sans délai". Le juge des référés a considéré que "l’occupation en cause faisait obstacle (...) à l’utilisation normale" de l’infrastructure sportive.

Les jeunes ont donc été sortis, ce vendredi, "par petits groupes, autour de la place, pour éviter qu’ils ne se rassemblent", raconte Fred. "Ils sont à la rue, pour l’instant. Et on ne se fait pas d’illusion : si on appelle le 115 pour cent personnes, on ne leur trouvera jamais de place".

Pour l’heure, aucune opération de mise à l’abri n’a été déployée (...)

Ni mineurs, ni majeurs : des jeunes en recours maintenus dans un cycle d’errance

Ce "squat de l’université" que mentionne la préfecture correspond en fait à la précédente occupation, juste avant celle du gymnase.

Pendant plus d’un an, un bâtiment de l’université Paul-Sabatier avait été occupé par ces jeunes exilés. 267 occupants en avaient été expulsés le 23 février. Une partie s’était donc installée, dès le lendemain, dans le gymnase. (...)

Pour mieux comprendre la situation, il faut rappeler que l’immense majorité des jeunes - ceux de l’université, comme ceux du gymnase -, sont en recours pour faire reconnaître leur minorité. Ils sont en attente d’une décision du juge des enfants, après un premier refus de la DDAEOMI, le dispositif d’évaluation départemental, délégué à l’ANRAS (Association nationale de recherche et d’action sociale).

Une telle procédure de recours implique plusieurs mois d’attente. Or, durant ce laps de temps, les jeunes restent "très souvent en errance, sans hébergement ni prise en charge éducative, dans l’attente du prononcé de la décision du juge des enfants", expose la Défenseure des Droits dans un rapport sur les MNA paru en février 2022.

Il n’existe pas, en effet, d’obligation pour le département de garder ces jeunes à l’abri le temps du recours. D’où l’argumentaire de la préfecture. À noter : entre l’expulsion de l’université et celle du gymnase, "au moins un jeune a été reconnu mineur par le juge des enfants", et donc envoyé vers un hébergement dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance, souligne Fred.

Lors de l’expulsion de l’université le 23 février, six jeunes avaient été, à l’inverse, envoyés "au Centre de rétention administrative en vue de leur reconduite dans leur pays d’origine", rapporte le communiqué de la préfecture de ce vendredi. Ce que les autorités oublient de préciser, c’est qu’entre-temps, ces jeunes envoyés en CRA "ont tous été libérés en raison d’une faute de procédure lors des contrôles de police", retrace encore Fred.

Ce vendredi, plusieurs jeunes du gymnase ont été, eux, emmenés dans les locaux de la Police aux frontières pour approfondir l (...) es contrôles. "Au moins l’un d’eux a, depuis, été libéré", précise Fred.

Des solutions locales possibles (...)

Des modèles se développent dans d’autres villes pour répondre à ce même besoin. À Marseille, par exemple, une structure d’hébergement pour 20 mineurs en recours a été ouverte courant 2022 par Médecins sans frontières et des collectifs locaux. Le nombre de places reste "très réduit par rapport aux besoins existants sur le territoire", soulignait Julien Delozanne, coordinateur de projet pour MSF à Marseille.