
Les réfugiés de la crise soudanaise ne cessent d’affluer au Tchad voisin. Adré, ville frontalière de 40 000 habitants située dans l’est du Tchad, a enregistré l’arrivée de plus de 17 000 personnes depuis le début du conflit en 2023 et les agences de l’ONU manquent de financement pour les assister. Reportage.
De notre envoyé spécial à Adré,
Le soleil est au zénith. Ici, selon les humanitaires, 100 à 1 000 réfugiés entrent en moyenne chaque jour à cause de la crise voisine au Soudan, débutée en avril 2023. Sous le pont qui marque la frontière, Mahamat Adoum, agent de protection de la CNAR, la Commission nationale d’accueil des réfugiés, est assis devant son bureau, tablette numérique en main. Il enregistre les nouveaux réfugiés et les oriente vers un kiosque sanitaire pour les premiers examens de santé : "Nous sommes là 7 jours sur 7. Nous avons reçu près de 110 familles aujourd’hui, elles craignent l’insécurité et la famine."
Haran Hassan Mahamat, la quarantaine, veuve et mère de six enfants, est nouvellement venue en provenance de El-Djénéina, une ville du Darfour. "Nous venons d’arriver parce qu’il n’y avait pas des moyens de transports. Et là, on n’a rien à manger et la guerre ne fait que continuer. On ne sait à quel saint se vouer. On a perdu nos maris, certains sont disparus, difficile de communiquer avec d’autres comme ils vivent en cachette à cause de la crise. Vues toutes ces difficultés, on préfère venir vivre avec nos frères ici. On s’est même déjà fait enregistrer."
"On n’a plus d’argent"
Le Soudan est une crise oubliée mais la situation humanitaire ici reste catastrophique (...)
L’année passée, on a réussi à mobiliser 40% des fonds [de l’ONU dont on avait besoin]. On est aujourd’hui au mois de mai et on a que 6%. Comment le Tchad va faire pour absorber cette population et éviter des catastrophes humanitaire", s’inquiète la représentante du HCR.
En un an, le Tchad est devenu l’un des principaux pays d’accueil au monde avec près de 600 000 réfugiés à l’Est si l’on considère le nombre de réfugiés par rapport à la population. Les autorités plaident pour un soutien accru de la communauté internationale, tandis que le conflit s’enlise de l’autre côté de la frontière.