
Lundi, Human Rights Watch a mis en garde l’Union européenne et le Royaume-Uni sur leurs projets d’implantation de "centres de retour" pour les demandeurs d’asile qui transformeraient les Balkans en "un entrepôt à migrants". L’ONG appelle à cesser cette externalisation de la gestion des exilés à des pays tiers tels que la Bosnie. La situation des migrants et demandeurs d’asile risquerait de s’y aggraver.
Une mise en garde qui survient à la suite d’une proposition de la Commission européenne, à la mi-mars, d’établir des "centres de retour" pour migrants hors de ses frontières. L’objectif serait de faciliter le retour de migrants dont la demande d’asile aurait été refusée et qui feraient face à une obligation de quitter le territoire. Le dispositif permettrait également aux États membres d’ouvrir des centres dans des pays tiers désignés comme "sûrs" pour y envoyer des demandeurs d’asile en attente du traitement de leur dossier
Lors d’une visite en Albanie en mai dernier, le Premier ministre britannique Keir Starmer avait annoncé avoir entamé des discussions "avec un certain nombre de pays" pour la mise en place de "centres de retour" hors du Royaume-Uni pour les demandeurs d’asile déboutés. Parmi eux, les Balkans sont particulièrement ciblés. La Bosnie-Herzégovine, ainsi que la Serbie, et l’Albanie ont été proposés par les autorités britanniques comme sites potentiels pour accueillir ces plateformes de retour. La Macédoine du Nord pourrait également être concernée.
Mais le Premier ministre albanais, Edi Rama, avait rapidement rejeté cette idée. L’Albanie accueille déjà deux centres de rétention italiens pour migrants en situation irrégulière.
"L’externalisation de la responsabilité des migrants et des demandeurs d’asile est intrinsèquement problématique" a déclaré Human Rights Watch (HRW) qui craint une exacerbation des violations des droits des migrants dans les pays tiers. À rebours des récentes annonces, HWR encourage l’UE et le Royaume-Uni à jouer un "rôle important en soutenant le développement de systèmes d’asile fonctionnels".
Déjà inquiétante, la situation des migrants risque de s’aggraver en Bosnie
L’ONG s’est concentrée sur la situation en Bosnie-Herzégovine. Ce pays pauvre du Sud-Est de l’Europe est situé sur la route migratoire des Balkans, très empruntée par les migrants désireux de rejoindre l’Europe du Nord ou de l’Ouest.
"Le traitement réservé par la Bosnie-Herzégovine aux migrants détenus devrait inquiéter les gouvernements qui envisagent d’envoyer de nouveaux migrants dans le pays", a déclaré HWR. La communauté internationale devrait aider ce pays "à améliorer ce qui existe déjà pour protéger les demandeurs d’asile et les migrants, et non pas l’encourager à prendre des mesures qui ne feront qu’empirer les choses", indique l’ONG. (...)
D’après des fonctionnaires du Service des affaires étrangères, qui gère les centres de détention de l’immigration en Bosnie, les migrants et demandeurs d’asile sont généralement détenus pour des raison de sécurité nationale, certains pour des accusations criminelles. Ou bien encore quand les chances de rapatriement forcé ou de réadmission dans le pays d’entrée (souvent la Serbie) sont élevées. Dans tous les cas, les détails des accusations ne sont jamais communiqués aux détenus ou à leurs avocats, surtout lorsqu’il s’agit d’une menace présumée pour la sécurité nationale.
Alors que les personnes placées en centre de détention devraient pouvoir bénéficier de conseils juridiques gratuits, l’organisation d’aide juridique Vasa Prava BiH déplore la restriction de l’accès aux centres par le personnel.
Les conditions de vie indignes des camps sont régulièrement dénoncées tandis que de nombreux migrants vivent également dans des squats insalubres.
Pays de transit et foyer temporaire
La Bosnie fait partie des Balkans, qui constituent la route migratoire la plus active pour gagner l’Europe. (...)