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Hongrie : l’extrême droite couvre le pays de giga-usines de batteries
#extremedroite #Hongrie #batteries #pollution #ecologie
Article mis en ligne le 21 juin 2024

Les giga-usines de fabrication de batteries électriques asiatiques se multiplient en Hongrie. Viktor Orbán accueille à bras ouverts ces industries polluantes, quitte à sacrifier environnement et travailleurs étrangers.

Cette industrialisation à marche forcée rencontre de fortes résistances locales. Les riverains redoutent les nuisances, les rejets de produits toxiques dans le sol et les nappes phréatiques, ainsi que l’accaparement des ressources en eau. Le problème environnemental se double d’un problème social, avec l’embauche de travailleurs étrangers exploités.

Cette nouvelle industrialisation est la concrétisation de l’« ouverture vers l’Est » mise en place par le gouvernement national-conservateur d’Orbán au début des années 2010. Cette doctrine vise à réduire la dépendance économique et politique de la Hongrie vis-à vis d’un Ouest déclinant, à faire de la Hongrie un trait d’union entre l’Est et l’Ouest et une tête de pont européenne pour les puissances asiatiques.

Le sud-coréen Samsung a été précurseur en s’implantant à Göd, au nord de Budapest, en 2018. L’arrivée de sa « giga-usine », la seconde en taille après celle de Tesla à Berlin, a provoqué une levée de boucliers et favorisé l’élection d’un maire issu de l’opposition au Fidesz, le parti politique d’extrême droite d’Orbán, l’année suivante. Par mesure de rétorsion, le gouvernement a profité d’un régime spécial lié à l’épidémie de Covid-19 pour soustraire sa zone industrielle à la commune, la privant des retombées fiscales de l’usine Samsung et de tout droit de regard sur ses activités. Samsung a pu fonctionner et s’agrandir sans cesse sans permis environnemental et sans véritable étude d’impact environnemental, l’autorité compétente ne le jugeant pas nécessaire. (...)

accueille aujourd’hui en majesté le numéro 1 mondial, le chinois CATL, qui construit près de Debrecen, en Hongrie orientale, la plus grande usine d’Europe de batteries pour l’automobile électrique. Un investissement de 7 milliards d’euros, dont près d’1 milliard seront subventionnés par l’État.

Les associations écologistes locales estiment que l’usine consommera au quotidien autant d’eau que l’ensemble des 200 000 habitants de Debrecen. L’inquiétude est d’autant plus vive que dans cette région du nord de la Grande plaine, l’Alföld, les steppes et les marécages sont soumises de plus en plus fréquemment aux sècheresses et au manque d’eau. (...)

Ces combats locaux ont remobilisé des mouvements écologistes et les forces résiduelles de l’opposition à Viktor Orbán. (...)

Dans un contexte de pénurie de travailleurs en Hongrie, les industriels ont recours à des « travailleurs invités ». Cette main-d’œuvre issue des pays voisins (Ukraine, Serbie) et asiatiques (Vietnam, Philippines…) est corvéable à merci, ne peut rester que temporairement dans le pays et n’a pas le droit au regroupement familial. (...)