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Gaz lacrymo et LBD pour avoir refusé d’abattre leurs vaches vaccinées contre la dermatose
#elevage #dermatoseNodulaire #solidarites #repression #UE #France
Article mis en ligne le 5 décembre 2025
dernière modification le 4 décembre 2025

« Y a des flics partout, des CRS ont encerclé la ferme. On est traités pire que des terroristes juste parce qu’on veut défendre nos vaches. » La colère étreint la voix de Céline Lhomme, alors que les 82 vaches de la ferme de son conjoint sont en voie d’être abattues ce mardi 2 décembre.

Dans cette ferme située à Pouilley-Français dans le Doubs, l’une des vaches a été déclarée porteuse de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), une maladie virale non transmissible aux humains et qui n’affecte que les bovins.x

« Y a des flics partout, des CRS ont encerclé la ferme. On est traités pire que des terroristes juste parce qu’on veut défendre nos vaches. » La colère étreint la voix de Céline Lhomme, alors que les 82 vaches de la ferme de son conjoint sont en voie d’être abattues ce mardi 2 décembre.

Dans cette ferme située à Pouilley-Français dans le Doubs, l’une des vaches a été déclarée porteuse de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), une maladie virale non transmissible aux humains et qui n’affecte que les bovins.

La situation est d’autant plus incompréhensible pour cette famille que toutes les vaches avaient été vaccinées contre la DNC le 22 octobre. Un nodule, symptôme de la maladie, est apparu sur une seule vache le 28 novembre, soit 36 jours après la vaccination. Le lendemain, les prélèvements ont été testés positifs à la maladie. Or, selon le site du ministère de l’Agriculture, les animaux vaccinés sont pleinement protégés 21 jours après l’injection d’une dose de vaccin.

Cédric Lhomme, l’agriculteur concerné, avait appelé dans une pétition à faire de son exploitation « une ferme test » pour voir comment la maladie évolue en cas de vaccination. « La vache atteinte de DNC réagit bien aux antibiotiques soulignait la famille. Mais les services de l’État ont décidé sans aucune concertation de tuer 82 vaches vaccinées depuis plus d’un mois » déplorait la sœur de Céline dans une vidéo. « L’État refuse toute contre-expertise, refuse de passer la ferme en test expérimental, malgré une mobilisation sans précédent. » (...)

« C’est la première fois depuis le début de la crise de la dermatose nodulaire qu’ordre est donné à la police d’intervenir pour permettre aux services vétérinaires d’abattre la totalité du troupeau, alors même qu’un référé est en cours d’audience », déplorait Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne, à la mi-journée. Le tribunal administratif a finalement ordonné l’abattage du troupeau mardi en début d’après midi.

Alors que les services vétérinaires débutaient l’euthanasie des 82 vaches dans les minutes suivant la décision, Céline Lhomme s’est effondrée face à ses soutiens : « On a perdu. On a tout perdu. J’espère que plus jamais un seul agriculteur n’aura à subir ce qu’on subit aujourd’hui. »

L’État protège l’export

Depuis le début de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse en juin 2025, plus de 3000 animaux ont été euthanasiés. La stratégie mise en œuvre par le gouvernement est le « dépeuplement » (sitôt qu’un cas est décelé, l’ensemble du troupeau est abattu), l’arrêt des mouvements et la vaccination obligatoire, dans un périmètre de 50 km autour des foyers. Malgré la multiplication des abattages totaux ces derniers mois, les éleveurs redoublent d’inquiétude dans plusieurs départements. (...)

Le « statut indemne » est au cœur de cette affaire. C’est ce statut qui conditionne le commerce des animaux et de leurs produits, lait et viande, au niveau européen et international. Toutes les zones placées actuellement en zone réglementée sur la DNC perdent le statut, et ne peuvent plus exporter. La zone est de cinquante kilomètres autour du foyer.

Pour les autorités, soutenues dans leur stratégie d’abattage total par la FNSEA, il s’agit de « circonscrire la maladie pour épargner les cheptels voisins non contaminés mais aussi pour ne pas condamner les filières bovines et laitières largement exportatrices ». (...)

Stéphane Galais de la Confédération paysanne, syndicat qui milite pour un abattage partiel et ciblé. « Les décisions obéissent à des critères strictement économiques. C’est une gestion dictée par les accords commerciaux : les paysan·nes ne sont pas des variables d’ajustement au service des échanges internationaux », dit-il. Le syndicat réclame depuis des mois l’élargissement des campagnes de vaccination dans les régions voisines des foyers, pour l’instant indemnes.

Dans une étude de 2016 réalisée suite à l’apparition de la DNC dans les Balkans, l’Autorité européenne de sécurité des aliments estime que la vaccination étendue, couplée aux restrictions de déplacement, est le principal levier permettant de freiner puis de stopper la maladie. Mais le gouvernement français s’y refuse (...)

Résultat, dans les zones qui ne sont pas concernées par la DNC, les éleveurs ne peuvent pas avoir accès au vaccin pour leurs animaux. Ils aspirent pourtant à protéger les élevages pour cet hiver, mais surtout en prévision de la probable émergence du virus au printemps. La maladie se transmet notamment par piqûres d’insectes vecteurs comme les taons et les mouches piqueuses (stomoxes), plus nombreux quand les températures augmentent. (...)

Une motion a été portée le 25 novembre à la chambre d’agriculture du Doubs et du Territoire de Belfort pour élargir la zone vaccinale, de manière volontaire et à titre préventif, à l’ensemble des départements du Massif jurassien. Si les élus de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale ont voté pour, ceux de la FDSEA, majoritaires à la chambre, ont voté contre ou se sont abstenus. « Où est la solidarité entre les élevages du massif ? La stratégie actuelle renforce les peurs et les mouvements de panique », déplore Laurence Lyonnais-Meslob, co porte-parole de la Confédération paysanne du Doubs.

L’inquiétude est d’autant plus forte que la ferme de Cédric Lhomme avait respecté toutes les règles suite à la vaccination de son troupeau. (...)

Normalement, en cas de symptôme, l’éleveur doit prévenir le vétérinaire qui réalise un prélèvement et place l’élevage sous surveillance durant 48 heures en attendant les retours du laboratoire. « Les gens risquent de ne plus rien dire en cas de suspicion », alerte Laurence Lyonnais-Meslob. L’actuelle ministre de l’Agriculture Annie Genevard, originaire du Doubs, n’a pas réagi aux événements de mardi. Ni répondu aux appels de la famille Lhomme.