
Lors d’un essai réalisé le 3 août 2024 sur le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Chinon (Centre - Val de Loire), un problème survient. Un élément bloque, affectant une pompe qui permet entre autres d’éviter les fuites sur le principal circuit de refroidissement. Après investigations, EDF découvrira que le problème est dû à une intervention de maintenance, qui devait être faite sur le réacteur 2, alors à l’arrêt, mais qui a été faite sur le réacteur 1, qui lui est en fonctionnement. Sans que personne ne se rende compte de l’erreur.
(...) dans les tuyaux, un clapet destiné à stopper la propagation de flammes et de fumées se ferme, coupant ainsi toute circulation d’air dans ces tuyauteries. Impossible de refroidir les locaux de la pompe RCV. Impossible donc de remplir le rôle de barrière thermique pour les joints des pompes du circuit primaire. La pompe RCV est alors considérée comme indisponible, puisqu’elle n’est pas à même de remplir toutes ses fonctions.
EDF mène des recherches et découvrira que c’est une intervention de maintenance, faite 2 jours plus tôt, qui a mis le clapet dans une configuration qui n’avait pas lieu d’être. (...)
Outre la détection tardive du problème de configuration du réacteur 1 - qui a laissé des pompes du circuit primaire sans barrière thermique durant 2 jours et demi alors que ce n’est pas permis - c’est bien l’erreur de réacteur qui interroge.
Toute intervention de maintenance ou de changement de configuration des circuits est censée être préparée en avance, codifiée, consignée et vérifiée une fois réalisée par un contrôle technique. L’incident démontre non seulement que les systèmes requis ne sont pas toujours contrôlés à temps, mais aussi que l’organisation et l’exécution de la maintenance sur le site nucléaire manque cruellement de rigueur. Se tromper de réacteur, et ne pas s’en rendre compte, si ce n’est "par hasard" 2 jours plus tard, au gré d’un essai, n’est pas un signe de qualité d’exploitation, loin de là. Et certainement pas un gage de confiance dans le système de vérifications mis en place à la centrale nucléaire de Chinon.
Mais ces aspects ne semblent pas être questionnés dans les déclarations officielles d’EDF ou de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), qui voient dans ces faits le non-respect des règles censées régir l’exploitation de l’installation. Sans interroger le système sous-jacent qui a conduit à la survenue de l’incident. (...)