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Exilés : Rapport sur la situation à Lesbos - Janvier à Juin 2025
#Grece #migrants #immigration #exiles #solidarite #migreurop #Lesbos
Article mis en ligne le 3 août 2025
dernière modification le 29 juillet 2025

Le Legal Center Lesbos, association membre de Migreurop, a publié un rapport sur la situation à Lesbos au cours des six premiers mois de l’année. Vous trouverez ce rapport ci-dessous (en anglais uniquement).

Le premier semestre 2025 a été marqué par une intensification de la rhétorique et des politiques anti-migrants à Lesbos et dans toute la Grèce, avec notamment la nomination de Makis Voridis au poste de ministre de la Migration le 15 mars. Voridis, qui a longtemps été affilié à l’extrême droite, notamment à la section jeunesse du parti néofasciste EPEN, a rapidement confirmé les attentes d’un programme agressivement raciste, illégal et xénophobe, en annonçant que « ceux qui ne remplissent pas les conditions requises pour obtenir l’asile [...] doivent être refoulés » et a présenté au Parlement une nouvelle législation anti-migrants visant à prolonger la durée de la détention administrative des migrants, à criminaliser le séjour illégal après une décision de rejet et à supprimer la possibilité d’obtenir un titre de séjour pour les personnes sans papiers qui pouvaient auparavant en faire la demande avec une offre d’emploi. Bien qu’elle ne soit pas encore entrée en vigueur, cette proposition de loi laisse des milliers de personnes dans une situation juridique incertaine, notamment plusieurs clients de LCL dont la demande de titre de séjour est en cours.

Le mandat de M. Voridis a pris fin brutalement le 27 juin 2025, après qu’il a été mis en cause dans une enquête du Parquet européen pour des faits de falsification de titres fonciers et de fraude portant sur plusieurs millions d’euros commis lorsqu’il était ministre de l’Agriculture. Son successeur, Thanos Plevris, est également connu pour ses positions extrémistes et racistes, notamment pour avoir déclaré publiquement que « la sécurité des frontières ne peut exister sans victimes, pour être clair, s’il n’y a pas de morts ». Dans son discours d’investiture, M. Plevris a déclaré ouvertement que les personnes entrant en Grèce sans autorisation n’auraient que deux options : retourner dans leur pays ou être envoyées en prison. (...)

Comme le montre le rapport, le changement de ministre n’a pas entraîné de changement de politique, mais plutôt la poursuite et le renforcement du régime migratoire raciste et violent de l’État hellénique. Les politiques frontalières de la Grèce à Lesbos continuent de violer les droits fondamentaux : les migrants sont confrontés à des violences mortelles à la frontière, à des conditions de vie dégradantes dans le camp, à la surveillance, à des expulsions, au refus de l’aide financée par l’UE et à des retards arbitraires dans le traitement des demandes d’asile des Syriens. De nouvelles législations et tactiques administratives, telles que le rétablissement de la Turquie en tant que « pays tiers sûr » malgré les décisions de justice, perpétuent l’insécurité juridique. Le projet de centre fermé à accès contrôlé (CCAC) de Vastria à Lesbos, soutenu par des fonds européens, illustre cette tendance, renforçant la détention et l’expulsion comme piliers centraux de la politique migratoire.

Malgré ce climat politique, des victoires importantes ont été remportées grâce à la résistance juridique et populaire.

À Lesbos, trois clients du LCL accusés de trafic d’êtres humains et d’avoir causé un naufrage ont été acquittés, et trois des « six de Moria » ont été innocentés lors d’un nouveau procès. L’appel à la justice à Pylos se poursuit, en lien avec des mouvements plus larges pour la justice dans le cadre de la catastrophe ferroviaire de Tempi et du génocide israélien en Palestine. Il est significatif que 17 officiers de la garde côtière hellénique, dont des hauts responsables, aient été inculpés pour le naufrage de Pylos en juin 2023, ce qui constitue une mesure rare vers la responsabilisation de l’État pour les violences commises à la frontière. Parallèlement, la solidarité croissante avec les hommes et les garçons soudanais criminalisés en Crète a permis de sensibiliser le public et d’améliorer l’accès à l’aide juridique pour les personnes visées par ces poursuites.