
La France fait face à une pénurie de main-d’œuvre dans un certain nombre de secteurs. Selon France Travail, l’établissement public en charge des questions de l’emploi dans le pays, les secteurs les plus en tension sont la restauration, l’agriculture, ainsi que ceux de la propreté et du soin à la personne. En 2024, six entreprises sur dix déclaraient anticiper des problèmes au recrutement. En France, 600 000 étrangers ont le statut de réfugié et sont en droit de travailler légalement. Pourtant, ce public peine à trouver des emplois.
(...) J’ai postulé en ligne, mais il n’y a pas de réponse", affirme Mado, qui explique avoir envoyé plusieurs dizaines de CV. "S’il y a une réponse, on me dit : ’Il n’y a pas de place Madame’. Je ne sais pas si c’est parce que suis Congolaise qu’ils ne veulent pas me donner de travail", s’interroge la quadragénaire. "Je suis pourtant motivée, je suis dynamique. Je respecte les temps. Je sais faire le travail de cuisine, préparation, je sais travailler à l’accueil…"
À l’occasion d’un salon dédié à la recherche d’emploi pour les réfugiés, Mariam, jeune femme venue de Côte d’Ivoire, maman d’un enfant de cinq ans, sillonne les stands des hôteliers. "Jusqu’à présent, je n’ai pas encore eu de premier emploi, et là, je ne sais pas comment faire pour trouver", se désole-t-elle.
À l’image de Mado, elle se questionne sur la raison de ces difficultés : "Je vais dans les ateliers, je vais dans les événements, toujours pas. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai un enfant qu’on ne me prend pas. Je ne sais pas."
Malgré un profil qui semble intéresser les employeurs, la question de l’expérience bloque le processus. (...)
lourdeurs administratives. Elle a obtenu son statut de réfugié et dispose d’un récépissé faisant foi. Mais pas encore le document définitif, ce qui rend réticents certains employeurs. "C’est très long et France Travail n’arrête pas de me mettre la pression. Quand j’explique, eux, ils ne comprennent rien", témoigne-t-elle.
Des difficultés à trouver un emploi pour les personnes peu qualifiées, mais aussi chez celles ayant des diplômes supérieurs. Les équivalences de diplômes ne sont pas toujours reconnues. (...)
Car en plus des problématiques de diplômes, celle de l’automatisation des processus de sélection pose également problème.
"Le plus compliqué, c’est comment trouver un entretien, comment passer les filtres. Aujourd’hui, comme beaucoup de recrutements sont automatisés, si on n’envoie pas le bon format de CV, le système informatique refuse automatiquement, alors qu’on a tout à fait les qualifications", regrette-t-il.
Une situation qui pousse un grand nombre de réfugiés à accepter un emploi sous leur niveau de qualification. Une étude de l’Institut français des relations internationales estime qu’il leur faut en moyenne dix ans pour retrouver un travail à la hauteur de leur diplôme.