Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
france Inter
Emmaüs dénonce la "concurrence déloyale" d’Amazon et des géants du commerce en ligne
#Emmaus #fastfashion #Amazon #shein #concurrence
Article mis en ligne le 20 avril 2024
dernière modification le 19 avril 2024

Emmaüs lance une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux pour dénoncer les pratiques commerciales "très agressives" des géants du commerce en ligne, notamment l’américain Amazon et le chinois Shein.

(...) On y voit deux biographies placées côte-à-côte, à droite celle de l’Abbé Pierre et à gauche celle de Jeff Bezos, patron d’Amazon. "Une dualité extrême, deux modèles de société aux antipodes", commente Maud Sarda, directrice "Label Emmaüs", le site en ligne de l’association de solidarité pour les plus démunis. (...)

Publicités massives, livraisons rapides et prix cassés

La boutique en ligne d’Emmaüs vend depuis 2016 toutes sortes d’articles, des vêtements, des livres, de la décoration... Mais elle est en grande difficulté. Les ventes ont chuté de 20% en un an, de quoi menacer sa santé financière. La concurrence des mastodontes du secteur, comme Amazon, Vinted ou les sites chinois Temu, Shein ou AliExpress y est pour beaucoup. "Des pratiques commerciales ultra-agressives de ces géants du e-commerce", déplore Maud Sarda, "Temu a dépensé en 2023 deux milliards de dollars uniquement en publicité sur les plateformes de Méta (Facebook, Instagram, WhatsApp)."

Dans ces conditions, Label Emmaüs ne peut pas suivre la cadence, car en plus de budgets publicitaires très compétitifs, l’association doit aussi faire face à des délais de livraison très courts et des prix toujours plus tirés vers le bas par la concurrence. Les consommateurs ont tendance à s’orienter vers ces sites, surtout dans un contexte économique difficile.
Mieux encadrer le marché en ligne de l’occasion

Emmaüs ne veut pas blâmer les consommateurs, mais demande de nouvelles mesures d’encadrement de ce marché de l’occasion (...)

Autre mesure proposée : limiter le nombre de références mises en vente. (...) En mars dernier, les députés ont adopté une proposition de loi pour rendre cette "fast-fashion" moins attractive à travers des pénalités financières et une interdiction de la publicité. "Une belle piste", réagit Maud Sarda. Le Sénat doit encore se prononcer sur le texte. (...)

Cette campagne d’Emmaüs va s’étaler jusqu’à fin avril, elle sera visible uniquement sur les réseaux sociaux, à travers des publications. Le coût a été nul puisque l’agence Havas l’a réalisée gracieusement. (...)

Lire aussi :

 (Telerama)
Directrice de la boutique en ligne d’Emmaüs, Maud Sarda sonne l’alarme face à Amazon, Shein et Temu

(...) Nous voulons d’abord élargir le cercle de nos acheteurs en ligne. Label Emmaüs existe depuis huit ans, mais beaucoup de gens ignorent encore qu’Emmaüs dispose, en plus de ses boutiques, d’une plateforme de vente en ligne qui propose plus de 2 millions d’objets de seconde main (livres, décoration, jouets, high-tech, électroménager reconditionné…(...)

La mesure la plus urgente à prendre est d’interdire toute publicité pour les produits dangereux ou ne répondant pas aux normes françaises ou européennes. (...)

Temu existe depuis à peine un an en France et dispose déjà de 13 millions d’utilisateurs. En 2023, elle a dépensé 2 milliards de dollars de publicité sur les réseaux sociaux aux États-Unis (Facebook, Instagram, WhatsApp) et 27,5 millions d’euros en France, 44 pour Shein (selon la société d’études Kantar). C’est vertigineux. (...)

Au-delà de notre cas, il nous paraît nécessaire que les pouvoirs publics s’opposent plus fermement à ces pratiques agressives dont les effets sont dévastateurs. Elles déclenchent des comportements irrationnels qui poussent les acteurs économiques − petits et grands − à s’entre-tuer. Comme Shein et Temu en sont à menacer Amazon, tout le monde se met à faire des promotions sauvages toute l’année, sans aucune régulation ni aucun contrôle. Le marché devient fou en termes de prix, et c’est le made in France, le commerce local, mais aussi la seconde main qui trinquent. Au nom de la défense du sacro-saint pouvoir d’achat, nous en sommes à livrer les consommateurs à des plateformes qui vendent des produits dangereux − 11 jouets sur 12 vendus par Temu ne respectent pas les normes européennes −, non durables et, par conséquent, loin d’être économiques. (...)

Il faudrait aussi imposer aux produits vendus par les plateformes un étiquetage sur leur dangerosité potentielle ou leur nocivité pour l’environnement, et interdire toute publicité dans l’espace public aux plateformes qui ne respectent pas un certain nombre de critères objectifs en matières sociale et environnementale. Nous sommes également favorables à un encadrement très strict de leur publicité sur les réseaux sociaux, car c’est là que se joue l’essentiel de leur communication, ainsi qu’à un contrôle rigoureux de leurs pratiques commerciales douteuses (fausses promotions, faux prix…). Enfin, il faut en finir avec le principe de la livraison gratuite qu’il nous est impossible de mettre en place, vu la faiblesse des prix que nous pratiquons. Le Parlement est arrivé à l’imposer sur le livre neuf il y a quelques mois, il n’y a aucune raison de ne pas l’étendre aux autres produits. (...)

Nous souhaitons que le secteur de l’édition réfléchisse à une évolution du cadre légal pour favoriser la circulation solidaire des livres neufs, et non leur destruction. Chaque année, des montagnes de livres fraîchement édités finissent au pilon. (...) Pourquoi ne pas flécher une partie de ces invendus neufs vers des acteurs de la solidarité comme Emmaüs, la Croix-Rouge ou le Secours catholique, en les autorisant à les revendre à un prix réduit en échange d’une contribution aux droits d’auteur ? (...)