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(...) On peut l’utiliser pour tout : trouver des idées de repas, préparer un programme de sport, vérifier une info, mener une séance de thérapie gratuite… En deux ans, ChatGPT est devenu un outil du quotidien pour plus de 200 millions d’utilisateur·ices régulier·es. Mais l’essor de ce modèle d’intelligence artificielle (IA) générative, développé par l’entreprise américaine Open AI, va de pair avec une empreinte environnementale croissante. (...)
Malgré tous les efforts des expert·es du secteur, cette empreinte demeure très compliquée à estimer. La faute à des modèles qui évoluent très vite et rendent caduques les estimations, ainsi qu’à des effets volontairement sous-documentés par les entreprises du secteur. « Le problème principal, c’est qu’il n’y a aucune transparence des acteurs sur le sujet », relève Lou Welgryn, spécialiste de l’IA et coprésidente de l’association Data for good, qui cherche à mettre la tech au service du climat.
Une consommation électrique qui monte en flèche (...)
Des modèles assoiffés
Les programmes d’intelligence artificielle sont très gourmands en eau pour produire les composants des serveurs qui font tourner les modèles, mais aussi pour les refroidir. (...)
Des besoins en minéraux
Comme tous les usages du numérique, l’intelligence artificielle nécessite des composants fabriqués à partir de minéraux (cuivre, lithium, cobalt, etc.). L’extraction de ces minéraux entraîne son lot de conséquences (pollution de l’eau, déforestation, violation de droits humains, etc.) dans les pays concernés. Autant de matériaux qui ne pourront pas être utilisés dans des secteurs critiques de la transition, comme la fabrication de voitures électriques ou la production d’énergies renouvelables.
Une empreinte carbone de plus en plus conséquente (...)
À rebours de ce que l’on pourrait penser, on note une aggravation de l’impact avec l’évolution des modèles, toujours plus émetteurs en CO2 et demandeurs en eau et en électricité. Un échange rapide avec ChatGPT-4 émet cent fois plus de CO2 que le modèle précédent (ChatGPT-3,5). Or, lorsque ChatGPT-4 a été développé, les abonné·es payant·es du programme sont automatiquement passé·es à cette nouvelle version. « Quand Open AI décide d’un coup de basculer des millions d’utilisateurs sur la version ChatGPT-4, on a un effet rebond absolument effrayant », souligne Lou Welgryn.
Problème : un usage normalisé au quotidien (...)
ChatGPT s’est si profondément ancré dans les habitudes des internautes qu’elles et ils sont nombreux·ses à le préférer à Google. Un choix qui n’est pas anodin, puisqu’une requête sur ChatGPT utilise entre six et dix fois plus d’énergie qu’une recherche traditionnelle sur internet, d’après de récentes projections. (...)
La croissance du secteur de l’IA est tellement effrénée qu’elle met déjà à mal les ambitions climatiques de géants de la tech, comme Google ou Microsoft. Les émissions de CO2 de Microsoft ont bondi de 30% entre 2020 et 2024, et ce, alors que l’entreprise américaine s’est engagée à atteindre la neutralité carbone dès 2030. Chez Google, ce saut dans les émissions s’est élevé à 48% entre 2019 et 2023. Dans les deux cas, l’essor de l’IA et sa place grandissante dans les centres de données sont en cause.
L’IA, un outil « qui dope notre monde carboné » (...)