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Pressenza/Natalie Depraz Philosophe, professeure à l’Université de Paris Nanterre
Élections législatives France. Tel est pris qui croyait surprendre… Macron dans la nasse du Surprenant Nouveau Front Populaire
#electionseuropeennes #electionslegislatives #extremedroite #Macron #dissolution #gauches #FrontPopulaire
Article mis en ligne le 30 juin 2024
dernière modification le 29 juin 2024

Les résultats des élections européennes le dimanche soir du 9 juin dernier a manifesté la montée galopante des partis de l’extrême droite. En France en particulier, avec 32% de votants pour le Rassemblement National, ce résultat a suscité, quoiqu’attendue, une première surprise. Surprise pour la population comme pour le gouvernement. Surprise générale. Tout le monde, sous le choc de la surprise. Surprise attendue certes, étant donnée la montée lancinante du Rassemblement national RN [extrême droite]. Surprise quand même que le fait brutal de ces 32%. C’est le principe de la surprise : toujours (partiellement) attendue, toujours in-anticipable dans son contenu singulier, toujours déroutante dans ses effets. La surprise, au-delà de ce qu’on appelle le choc, l’inattendu, c’est une structure, et une dynamique, qui s’articule : à l’anticipation (même partielle), succède la crise (son point d’orgue, aussi son point aveugle), puis son contre-coup (toujours fortement émotionnel).

Voilà à quoi pourrait se résumer la narration de notre situation actuelle de crise politique extrême sous le pouls de la surprise.

Mais la décision du président français de dissoudre l’Assemblée Nationale le soir même des élections crée alors une deuxième surprise. Surprise pour la population seulement, car surprise déclenchée par le gouvernement.

Mais la narration sous le pouls de la surprise ne s’arrêtera pas là.

Car il y aura une troisième surprise, un troisième acte. L’acte de la résolution, après, premier acte, la préparation (les 32% au RN) et, deuxième acte, le moment tragique de la dissolution. Car le lendemain, le lundi 10 juin, pas même 24 heures après l’annonce de la dissolution, les principales formations de gauche (La France Insoumise LFI, Parti Communiste Français PCF, Parti Socialiste PS, Europe Écologie – Les Verts ELLV) annoncent un accord unitaire qui se nommera quelques jours plus tard Nouveau Front Populaire.

Résultat concret, essentiel et principal : il n’y aura qu’un. seul.e candidat.e à gauche par circonscription ! Cette troisième surprise prendra à revers un gouvernement qui croyait par son annonce-surprise ruiner toute possibilité de recomposition à gauche. Voilà pris celui qui croyait surprendre. Effet boomerang qui prend bel et bien le gouvernement à son propre piège. Qui nasse celui qui trop souvent nasse les gens… (...)

La surprise, un levier remarquable d’analyse de la situation politique de crise entre levier révolutionnaire et sidération identitaire. (...)