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l’Humanité
Des méthodes « dignes d’un pays autoritaire » : un journaliste et sa source interpellés par des policiers en civil à Paris
#journalisme #libertedinformer
Article mis en ligne le 13 décembre 2024
dernière modification le 11 décembre 2024

Ce samedi 7 décembre à Paris, une ancienne stagiaire du Cabinet d’avocat Ziegler a été mise en examen pour vol de données confidentielles. Elle est accusée d’avoir transmis des informations au journaliste Phillipe Miller, lui-même placé en garde à vue pendant 48 heures avant d’être relâché.

Ce mercredi 4 décembre à 19 heures, une dizaine de policiers en civil campent dans un restaurant rue des couronnes à Belleville. Dehors, trois voitures de fonction stationnent. Les agents sont venus arrêter le journaliste Philippe Miller et l’une de ses sources, ex-stagiaire au cabinet d’avocats Ziegler. « Je n’avais jamais vu autant de monde dans ce restaurant un soir de semaine », explique le journaliste de Warning Trading, un média spécialisé dans l’actualité des escroqueries financières sur internet.

« Ils se sont tous levés d’un coup, et deux se sont approchés. Ils nous ont montré leur carte, et nous ont demandé de les suivre ». Après 48 heures de garde à vue pour « recel de violation du secret professionnel et complicité de vol », Philippe Miller a été relâché. La jeune femme a elle été mise en examen, samedi 7 décembre à Paris, pour vol de données confidentielles.

Cette intervention policière fait suite au dépôt de plainte du Cabinet Ziegler – spécialisé en droit bancaire, cryptomonnaie et escroqueries financières – qui accuse leur ancienne stagiaire de complicité avec le journaliste pour un papier publié le 18 octobre dernier.
« Des mesures exceptionnelles mises en place par le parquet, pour une affaire qui ne relève pas d’un scandale d’État » (...)

Dans cet article, Philippe Miller dénonce les pratiques du cabinet Ziegler. Il évoque une usurpation d’identité, une fausse réputation, ou des tarifs élevés. « Le cabinet pense que j’ai téléguidé ma source pour récupérer des données, explique le journaliste, qui affirme que la stagiaire n’a pris contact avec lui qu’après publication de l’article. L’argument a été entendu et Philippe Miller libéré.

Mais son avocat, Pierre-Eugène Burghardt, pense lui que « l’affaire débute juste. » Le téléphone, l’ordinateur ainsi qu’une vingtaine de pages de son bloc-notes sont encore entre les mains de la justice. Le juge des libertés et de la détention tranchera, ce vendredi 13 décembre, sur leurs consultations ou non. (...)

Les mesures exceptionnelles d’interpellation de Philippe Miller, ainsi que sa mise en garde à vue pendant 48 heures, font écho à l’acharnement judiciaire subi par Ariane Lavrilleux. Après avoir été traquée plusieurs mois par des policiers de la DGSI, la journaliste de Disclose a été convoquée ce 3 décembre par le Tribunal de Paris. Elle sera entendue le 17 janvier prochain, en vue d’une possible mise en examen. L’avocat de Philippe Miller craint que les méthodes employées à l’encontre des deux journalistes « n’augurent une volonté d’intimider la presse et d’entraver la liberté d’informer. »