Alors que la France souffre d’un manque d’enseignants, de nombreux professeurs contractuels ne sont pas renouvelés. Au-delà de cette situation paradoxale, ils dénoncent un manque de considération et une communication déplorable du Ministère. À Toulouse, un rassemblement est prévu vendredi 12 septembre devant le rectorat.

Après la manifestation du 10 septembre 2025, qui a rassemblé entre 13 et 30 000 personnes, le Snudi-FO, syndicat de personnels des écoles, a contacté une cinquantaine de contractuels de l’académie de Toulouse, tous non-renouvelés à la rentrée 2025. Ils appellent à un rassemblement devant le rectorat vendredi 12 septembre à 12h30.

Il dénonce ces nombreux non-renouvellements, alors que la France fait face à un manque criant d’enseignants. La ministre démissionnaire de l’Education nationale, Elisabeth Borne, admettait le 1er septembre qu’il manquait "l’équivalent de 2 500 professeurs", principalement dans le secondaire.

Un chiffre sous-estimé pour le Snes-FSU. Une enquête menée entre le 29 août et le 3 septembre auprès de plus de 1000 établissements révèle que dans 55% des collèges et des lycées, il manque au moins un professeur. On compte 11 408 établissements du second degré en France (source Insee, 2023).

"Décevant et frustrant" (...)

il est impossible d’être fixé à l’avance car les professeurs ne peuvent postuler directement en contactant le rectorat. Ils sont assignés à une académie, et doivent attendre de recevoir un appel lorsqu’un poste est disponible. "Ça peut être dans plusieurs mois, pour un contrat court, un contrat long... c’est vraiment le hasard."
"On ne sait pas comment on va vivre"

Ce coup de téléphone peut également ne jamais arriver. Camille* est enseignante dans le Tarn. Après trois années dans une école primaire, elle n’a aucune affectation pour la rentrée. "Quand j’ai appelé le rectorat, ils m’ont dit qu’ils avaient eu l’ordre de ne reconduire aucun contractuel à cause des coupures de budget", explique l’enseignante.

Dans le Tarn, sur la trentaine de professeurs contractuels en poste dans le primaire lors de l’année scolaire 2024-2025, seuls cinq ont vu leur contrat reconduit pour la rentrée 2025. Généralement sur des postes très spécifiques, comme l’enseignement en Occitan. Tous les autres sont pour le moment sans affectation. (...)

Au-delà de la situation paradoxale, c’est aussi la communication du rectorat qui est pointée du doigt. L’enseignante tarnaise a appris qu’elle ne serait pas reconduite... le 31 août, soit le dernier jour de son contrat. Cerise sur le gâteau, c’est elle qui a dû entrer en contact avec l’administration. "Ça fait trois ans que j’enseigne, je sais que normalement il faut un préavis d’un mois, j’aurais dû être informée le 31 juillet", regrette-t-elle.

Résultat, elle n’a pas encore reçu l’attestation employeur pour réaliser les démarches afin de percevoir l’indemnité chômage. "Au mois d’octobre, on ne sait pas comment on va vivre, on n’aura rien : pas de salaire, pas de prime de précarité", déplore l’enseignante.
"Ils font le job, s’investissent à fond puis sont jetés"

"Il y a une remise en cause du droit du salarié, analyse Céline Felipe, représentante syndicale du Snudi-FO dans le Tarn (...)

"On les appelle sur des postes où ils ne sont pas formés, ils font le job, s’investissent à fond puis sont jetés. Certains étaient en contrat depuis quatre ou cinq ans, ils pensaient faire partie d’une grande famille", confie la représentante syndicale.

Le Snudi-FO lance donc un appel académique ce vendredi 12 septembre, avec une demande d’audience au rectorat de Toulouse. Objectif, obtenir une autorisation de recrutement de la part du Ministère, qui donne une réponse chaque mois. Une pétition a également été lancée. (...)