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Contre la crise de l’eau, l’Inde exhume le projet de construction d’une "rivière géante" à travers le pays
#rechauffementclimatique #Inde #eau
Article mis en ligne le 1er juillet 2024
dernière modification le 27 juin 2024

L’Inde enchaîne les records, ces dernières années, et pas les bons. Le pays au 1,4 milliard d’habitants a connu de très nombreux épisodes de sécheresses et de pénuries d’eau. À la mi juin encore, la température à New Delhi excédait 47°C, dans ce qui est d’ores et déjà "la plus longue période" de canicule. Au plus fort de cette crise, la ministre de l’eau de Delhi, Atishi, a prévenu que la ville était confrontée à une pénurie d’eau de 50 millions de gallons par jour en raison d’un manque d’approvisionnement en eau brute provenant de la rivière Yamuna et d’autres sources, a rapporté l’Economic Times.

Quelques jours plus tôt, le pays déplorait la mort liée à la chaleur et à la déshydratation d’une trentaine d’agents électoraux (...)

Parallèlement, plus d’une soixantaine de personnes ont perdu la vie à l’été 2023 lors d’inondations et de glissement de terrain au nord du pays, conséquences de pluies torrentielles dans les États septentrionaux de l’Uttarakhand et de l’Himachal Pradesh.

30 canaux pour lier les différents bassins et fleuves

Pour palier au manque d’eau, New Delhi exhume un projet centenaire, et titanesque, nommé Interconnexion des fleuves (IRL). Il s’agit de relier plusieurs rivières du sous-continent, afin de créer un méga-réseau hydraulique s’étendant de l’Himalaya à la mer d’Arabie et au golfe du Bengale. En tout, l’Agence indienne de développement de l’eau prévoit de creuser 30 canaux "liens", qui permettront de transférer environ 200 milliards de mètres cubes d’eau dans le pays chaque année pour approvisionner les villes et villages.

L’objectif est de connecter des bassins d’eau excédentaires, et des bassins en déficit, pour contribuer à l’irrigation de dizaines de millions d’hectares de terres agricoles et de renforcer la production d’énergie hydroélectrique en Inde (environ 34 000 MW). (...)

Le gouvernement a "accordé une priorité absolue" au projet, déclaré Bhopal Singh, directeur général de l’agence indienne de l’eau.

Problème : ce projet pourrait ne pas avoir suffisamment tenu compte du cycle naturel des précipitations en Inde, particulièrement durant la mousson.

Un impact climatique incertain (...)

Le projet pourrait en fait exacerber le stress hydrique en provoquant une baisse de la quantité de pluie tombant en septembre dans certaines régions sèches, tout en augmentant les précipitations dans d’autres régions. (...)

De surcroît, des recherches montrent que les précipitations ont diminué dans les bassins fluviaux indiens que l’on considère actuellement comme excédentaires en eau, ce qui modère l’utilité de ce large plan. (...)

Enfin, le premier tronçon du projet prévoit de submerger une réserve de tigres et pourrait nuire aux populations de gavials (une famille de crocodiles piscivores), de vautours et de plusieurs autres espèces. Dès lors, l’examen libre et éclaire de son utilité dans le contexte environnemental et climatique semble crucial.