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Comment la fumée des feux de forêt refroidit-elle notre planète ?
#incendies #fumées
Article mis en ligne le 18 septembre 2024
dernière modification le 15 septembre 2024

Alors que la saison des incendies s’intensifie, les scientifiques se penchent sur l’un des impacts paradoxaux de la fumée des feux de forêt : le refroidissement, parfois mondial, de notre Terre.

La chaleur extrême déclenche souvent des feux de forêt intenses. La période estivale de cette année n’y a pas échappé. D’importantes vagues de chaleur ont provoqué d’énormes incendies dans la région de la Méditerranée, au Canada, aux États-Unis et même en Sibérie. Pourtant, les répercussions des feux de forêt les plus intenses sur les températures peuvent être paradoxales. Ils permettent parfois de refroidir la surface de la Terre, à un niveau régional et mondial.

La fumée dense des incendies peut temporairement occulter la lumière du Soleil près de la surface. Les températures de la région chutent ainsi de plusieurs degrés. Cette fumée peut également permettre un refroidissement à l’échelle mondiale en augmentant la capacité de réflectivité des nuages de la basse atmosphère ou en obstruant la lumière du Soleil pour ceux situés dans la haute atmosphère. C’est un phénomène similaire aux conséquences d’une éruption volcanique. (...)

Néanmoins, ce phénomène ne suffira pas à lui seul à contrer le réchauffement climatique induit par l’Homme. Les spécialistes estiment tout de même qu’il est trop tôt pour déterminer ce qu’il signifie à l’échelle du système climatique.

Les saisons des feux se font de plus en plus violentes. Cet été, de nombreuses vagues incendiaires extrêmes ont été déclenchées dans le monde entier. La recherche de réponses devient donc de plus en plus urgente.

« Il est clair que la recherche liée aux conséquences des feux de forêt sur le climat est tout à fait d’actualité », déclare Sergey Khaykin, météorologue spécialisé dans les incendies à Sorbonne Université.

UN CIEL PLUS SOMBRE, DES NUAGES PLUS CLAIRS

Lorsque les incendies font rage, ils relâchent un mélange de minuscules particules d’eau et de gaz dans l’air. Balayée par les vents, la fumée des feux de forêt peut polluer l’air sur des centaines, voire des milliers, de kilomètres. (...)

Des scientifiques du National Center for Atmospheric Research des États-Unis ont rapporté dans la revue Geophysical Research Letters que les incendies australiens ont généré tellement de fumée dans l’atmosphère de l’hémisphère Sud qu’elle a engendré un effet de refroidissement mondial, « intense et rapide », d’environ 0,06 °C. Selon John Fasullo, l’auteur principal de l’étude, ce phénomène s’explique par l’interaction des particules de fumée avec les nuages situés dans la basse atmosphère, appelée troposphère.

Ces particules agissent comme des noyaux à partir desquels la vapeur d’eau forme des gouttelettes. Résultat : les nuages contiennent davantage de gouttelettes, plus petites et plus réflectives. Bien que la fumée ait tendance à rapidement retomber des nuages, les feux de brousse en Australie ont perduré pendant des mois. Ils généraient donc toujours plus de fumée permettant aux nuages de l’atmosphère d’augmenter leur pouvoir de réflectivité. (...)

il peut arriver que, parfois, la fumée des feux de forêt traverse la troposphère jusqu’à la stratosphère, une quinzaine de kilomètres au-dessus. Au sein de cette couche, les conséquences peuvent être plus importantes.

La fumée atteint la stratosphère lorsque la chaleur émise par un puissant incendie déclenche une ascendance qui se mélange à l’humidité contenue dans l’atmosphère. Cette situation mène à la production d’imposants nuages d’orage. Appelés pyrocumulonimbus, ces nuages d’orage alimentés par les incendies agissent comme des sortes de cheminées : ils conduisent la fumée jusqu’à la haute atmosphère. Dans cette couche, ces émanations peuvent circuler autour du globe et y rester pendant des mois.

C’est ce qui est arrivé fin 2019 et début 2020 en Australie. (...)

Une situation similaire pourrait se produire cette année. (...)

« Nous n’en sommes peut-être qu’aux prémices de la compréhension de l’importance des conséquences de ces feux de forêt. »