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Mediapart
Ces Russes qui veulent désinformer la France
#guerreenUkraine #Russie #France
Article mis en ligne le 18 juin 2024
dernière modification le 17 juin 2024

Le 1er juin, quelques jours après de vives critiques du Kremlin sur l’envoi, discuté entre Paris et Kyiv, d’instructeurs militaires français en Ukraine, des individus déposaient des cercueils remplis de plâtre et recouverts d’un drapeau français, avec la mention « soldats français de l’Ukraine », près de la tour Eiffel. D’après Le Monde, les trois hommes qui ont déposé ces faux cercueils étaient en lien avec un membre présumé du commando responsable des mains rouges.

Quelques jours plus tard, trois Moldaves étaient interpellés près du ministère de la transformation et de la fonction publique avec des aérosols et des pochoirs, puis placés en garde à vue. La veille, huit graffitis de cercueils avaient été découverts sur des façades du VIIe arrondissement de Paris. Et le 10 juin, Viginum, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères, publiait un rapport détaillant l’opération d’intoxication des médias français par des faux comptes liés à la russosphère.

Mais qui sont les acteurs de cette « guerre hybride » que la Russie mène contre la France ? (...)

Voici ce que l’on sait.

Sergueï Kirienko, bras armé du Kremlin

Ancien premier ministre (en poste à la fin des années 1990), Sergueï Kirienko est le chef adjoint de l’administration présidentielle. Il est en théorie le « monsieur politique intérieure » du Kremlin. Mais les documents internes que s’est procurés le Washington Post montrent que son domaine de compétences s’est élargi et s’étend désormais à ce que son administration qualifie d’« opérations psychologiques de l’information ».

C’est lui qui pilote l’équipe chargée de la propagande ciblant l’Europe, notamment la France et l’Allemagne. (...)

L’an dernier, le quotidien en ligne russe Meduza, dont la rédaction est installée en Lettonie, a détaillé le rôle joué notamment par une organisation à but non lucratif appelée Dialog, présentée à sa création en 2019 comme un moyen de faciliter une meilleure communication entre les citoyens et le gouvernement. Celle-ci utilise désormais un vaste réseau de chaînes Telegram pour diffuser des histoires fictives visant à discréditer l’Ukraine. (...)

« Les ingérences sont devenues un secteur florissant de l’économie russe, analyse Kevin Limonier. En conséquence, il convient de toujours surenchérir pour se faire remarquer, décrocher un contrat. Cela peut expliquer les récidives des étoiles de David, avec les mains rouges et les cercueils de la tour Eiffel. La première édition a été un succès, alors on se dit : on va recommencer puisque ça a marché. » (...)

La « diplomatie numérique » des officiels russes

Les fausses informations sont également diffusées et assumées par le Kremlin et ses représentants. (...)

Les services secrets

Un haut fonctionnaire français résume ainsi les tentatives d’ingérence russe non rendues publiques : « Elles sont homéopathiques, ils nous tendent des pièges pour voir si on tombe dedans. C’est un jeu entre nous assez subtil. Ils utilisent une grammaire ancienne qu’on maîtrise. » Cette grammaire ancienne, c’est celle des services secrets. (...)

Les « proxies »

Comme l’a révélé l’AFP en février, la DGSI a alerté, dans une note destinée aux forces de l’ordre et exceptionnellement déclassifiée, contre « les actions subversives » menées par « les services de renseignement russes » dans plusieurs pays européens.

Dans cette note, le renseignement intérieur français précise que les services de renseignement russes ont recours à des « proxies » (un intermédiaire permettant de ne pas identifier le véritable auteur d’une opération clandestine) issus de pays de la « communauté russophone d’Europe de l’Est (Biélorussie, pays baltes, Ukraine, Moldavie ou Bulgarie) », rémunérés « en cryptomonnaies ou en espèces, voire en virement bancaire ». (...)