 
	Mouvement du 10 septembre, chute du gouvernement... Face à cette rentrée sociale et politique explosive, notre journaliste propose de se nourrir de pensées critiques et de « s’armer de livres ». Petite sélection.
(...) Pour occuper vos heures passées sur les ronds-points ou aiguiser votre appétit pour des luttes nocturnes et clandestines.
S’inspirer des combats passés (...)
Les deux volumes de la somme Full Spectrum Resistance d’Aric McBay (Éditions Libre) y contribuent grandement. « Ce livre s’adresse à cette part grandissante de la population déçue de l’activisme classique de la gauche, fatiguée par les marches et les pétitions, et désireuse, face à l’urgence de la situation écologique et sociale, de faire advenir de véritables changements », prévient l’auteur.
« Tout a été gagné grâce à la lutte » (...)
« Nous n’obtiendrons jamais, au grand jamais, la base de notre subsistance sans se battre. Tout a été gagné grâce à la lutte. Rien n’a été acquis par des réunions calmes et polies. Jamais. » (...)
Parler de révolution
Et si nous parlions donc de révolution ? Pourquoi ce mot semble-t-il aujourd’hui s’être comme évaporé ? Alors que nos anciens — les Françoise d’Eaubonne, Murray Bookchin, Bernard Charbonneau et Jacques Ellul — s’en réclamaient ?
Dans les longues heures de blocage, et en attendant l’arrivée des gendarmes mobiles, il ne serait pas inutile de se replonger dans Une Histoire globale des révolutions (La Découverte), coordonné notamment par Ludivine Bantigny et Laurent Jeanpierre. « La révolution n’appartient pas qu’au passé, insistent ses auteurs. Longtemps considérée comme un objet mort ou dépassé, cadenassé dans une histoire achevée, la révolution est réapparue dans l’actualité. » (...)
Face à ce qui arrive, nous n’avons d’ailleurs pas le choix, il nous faut réembrasser l’élan révolutionnaire. « Les changements climatiques globaux, la destruction de la biodiversité, le consumérisme et l’extractivisme débridés, et plus largement tout ce qui relève des conditions de l’habitabilité sur la planète Terre imposent un changement fondamental de nos rapports au monde et à la politique, un changement nécessairement révolutionnaire en un sens large compte tenu de l’ampleur des défis qui s’annoncent et de la puissance des intérêts à lever », affirme l’historien. (...)
Quel horizon se donner ?
Concrètement, que faire ? Comment agir ? Quel horizon se donner ? Dans son dernier essai, Alessandro Pignocchi délaisse un moment ses aquarelles et ses mésanges incendiaires pour proposer un scénario concret « pour une émancipation écologiste ».
Tout en finesse, il nous invite à ne pas tomber dans les fétiches, qu’ils soient insurrectionnels ou électoralistes. Nous devons apprendre à cheminer sur une crête, dit-il, partir du déjà là, des luttes locales notamment, tout en nous nourrissant des traditions anarchistes et municipalistes libertaires.
Au fond, c’est une lutte d’ordre cosmologique que nous devons entamer. Une transformation en profondeur où la philosophie du vivant jouera sa part. (...)
Conjurer la peur
Pour y arriver, la route sera semée d’embûches. La répression fait rage, l’État et la classe dirigeante ne se laisseront pas faire. C’est tout le mérite du récent livre de Mathieu Rigouste (La guerre globale contre les peuples, éd. La Fabrique) de réinscrire la réaction violente actuelle des États et du capital dans une longue histoire répressive, allant du colonialisme à la neutralisation du prolétariat. C’est à une contre-insurrection mondiale à laquelle nous faisons face, rien de moins. « Une guerre contre les peuples. »
Savoir la nommer, faire la généalogie de cette violence, est indispensable pour comprendre « la néofascisation sécuritaire » en cours. Et conjurer la peur. (...)
