
Tweets racistes, messages homophobes, pseudos néonazis... Derrière leurs écrans, plusieurs collaborateurs de députés Rassemblement national se lâchent sans jamais être inquiétés. La plupart d’entre eux sont toujours en poste à l’Assemblée. l
Jordan Bardella l’a répété sur tous les tons, avant et après les élections législatives. Pour le président du Rassemblement national (RN), les dizaines de candidat·es ayant tenu des propos racistes ou homophobes sur les réseaux sociaux n’étaient que des « cas isolés », des « brebis galeuses » fort peu représentatives d’un parti qui souhaite se normaliser. (...)
Au mois de juillet, après l’entrée de 125 élu·es au Palais-Bourbon, le parti d’extrême droite s’est retrouvé face à un autre problème : où trouver les quelques centaines de collaborateurs et collaboratrices nécessaires pour épauler les troupes renforcées de Marine Le Pen ? Une équation d’autant plus complexe que le RN a jusqu’alors toujours échoué à mettre en place une réelle formation de ses cadres intermédiaires. (...)
Disposant désormais de ressources financières inédites, le parti de Jordan Bardella a multiplié les embauches à l’Assemblée. (...)
Afin d’éviter de répéter le fiasco de l’été, avec l’exhumation en série de comptes douteux sur les réseaux sociaux, la direction du groupe RN a, selon La Lettre, fait passer aux assistant·es parlementaires la consigne de signaler à leur hiérarchie « leurs éventuels anciens tweets problématiques, photos compromettantes sur les réseaux sociaux ou engagements trop radicaux ».
Comme l’a constaté Mediapart en se penchant sur le profil des collaborateurs et collaboratrices des député·es RN, beaucoup ont d’ailleurs nettoyé leurs comptes sur les réseaux sociaux, voire les ont tout bonnement supprimés pour en recréer d’autres, vierges de tout historique. Mais tous et toutes n’ont pas eu cette prudence.
De multiples profils problématiques encore en poste (...)
Le site Les Jours a ainsi exhumé des dizaines de publications haineuses publiées sur le réseau social X par Nicolas Koutseff, qui travaille aux côtés de la députée RN et porte-parole du groupe Laure Lavalette depuis 2023. Pendant des années, ce conseiller municipal de Toulon (Var) a déversé sur son compte un torrent d’injures, traitant ses interlocuteurs de « pute », de « fils de pute » ou d’« enculé ». L’élu a aussi multiplié les propos xénophobes, antisémites, sexistes ou homophobes, comparant le Val-de-Marne à l’Afrique ou s’indignant du renforcement de l’enseignement de la Shoah au détriment du « génocide » vendéen.
Interrogée par Les Jours, Laure Lavalette a condamné les propos de son collaborateur – qu’elle a affirmé découvrir – avant de licencier l’intéressé le lendemain. « Outre la vulgarité, ses propos sont indéfendables », a-t-elle ajouté dans les colonnes de Var-Matin, tandis que Nicolas Koutseff expliquait être « un mec bipolaire » qui ne se rendait pas compte de la violence de ses propos.
Ce limogeage médiatisé n’a rien réglé au fond du problème. Plusieurs assistant·es aux déclarations problématiques sont en effet toujours en poste. (...)
Peu étonnée par cette accumulation d’activités et de propos problématiques sur les réseaux, la chercheuse Safia Dahani rappelle une évidence : aucun fait étayé ne permet d’affirmer que le parti d’extrême droite se serait « dédiabolisé » au fil des années. « Il faut questionner qui a décrété qu’il y avait un processus de normalisation. C’est le parti lui-même, rappelle-t-elle. Il n’y a jamais eu de données empiriques pour montrer que tout ce qui était constitutif de l’ancien FN se serait évaporé avec la présidence de Marine Le Pen ou le changement de nom. » (...)