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Basta !
Ce réseau libertarien qui veut imposer ses idées en France
#AtlasNetwork
Article mis en ligne le 27 mai 2024
dernière modification le 23 mai 2024

Quel point commun y a-t-il entre le mouvement du Tea party, le Brexit, les élections de Donald Trump à la présidence des États-Unis et de Javier Milei en Argentine, ou encore le rejet d’une constitution plus progressiste au Chili ? Au moins celui-ci :beaucoup des think tanks et autres organisations qui ont mené campagne pour organiser ces mouvements ou obtenir ces victoires conservatrices sont ou ont été partenaire d’un réseau international, le réseau Atlas. C’est ce qu’on apprend dans un rapport publié aujourd’hui par l’Observatoire des multinationales.

Cette enquête de l’Observatoire des multinationales, « Le réseau Atlas-la France et l’extrême-droitisation des esprits », met en lumière le fonctionnement de cette machine idéologique. Le rapport s’appuie en partie sur des documents internes inédits, et révèle qui sont les partenaires d’Atlas dans l’Hexagone. « Certains comme l’Ifrap [la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques, dirigée par la très médiatisée Agnès Verdier-Molinié, ndlr] sont omniprésents dans les médias, tandis que d’autres comme l’IFP [Institut de formation politique, ndlt] jouent un rôle clé dans la formation et la mise en réseau de leaders et porte-parole de droite et d’extrême-droite ».

L’objectif de ce réseau Atlas ? « Recouvrir le monde de think tanks et d’autres organisations libertariennes pour influencer la politique en agissant sur le "climat des idées" », explique le rapport. « Si leur mot d’ordre est la "liberté", il s’agit avant tout de celle des marchés, et des partenaires importants d’Atlas ont aussi des positions ultraconservatrices sur les questions sociales ».

Un réseau bien ancré en France

Basé à Arlington, en Virginie, l’Atlas Network est un réseau majeur de think tanks et d’autres organisations qui oeuvrent dans le monde entier pour gagner « la bataille des idées ». Créé en 1981 par l’entrepreneur Antony Fisher, le réseau Atlas veut recouvrir le monde de think tanks libertariens, sur le modèle de l’Institut des affaires économiques (IAE) qui, au Royaume Uni, a contribué à la victoire de Margaret Thatcher.

Depuis sa création, le réseau Atlas n’a cessé de prendre de l’ampleur. (...)

Derrière le réseau Atlas, on trouve d’influents milliardaires, des magnats du pétrole et des fondations, qui défendent la dérégulation (notamment dans le domaine environnemental), mais aussi des positions ultraconservatrices (anti-avortement, anti « woke »...). On trouve aussi de grandes entreprises de secteurs comme le pétrole, le tabac ou les médicaments.

Pour imposer leurs idées, les partenaires du réseau Atlas recourent à des stratégies d’influence qui relèvent parfois de la manipulation : stratégies de la chambre d’écho et de la fenêtre d’Overton, expertise biaisée, astroturfing... Alors que leur projet vise des intérêts très particuliers – ceux des plus riches –, ils veulent apparaître comme des sources d’expertise indépendantes ou les porte-parole des simples citoyens, pour mieux influencer le « climat des idées » et promouvoir leur vision du monde.

Avec ces méthodes, les partenaires du réseau Atlas ont obtenu des victoires politiques partout dans le monde : diffusion du climato-scepticisme, influence sur des référendum (the Voice en Australie, référendum sur la constitution chilienne, Brexit...) ou encore élection de Javier Milei en Argentine.

Malgré la discrétion du réseau, son influence croissante commence à attirer l’attention de certains chercheurs et journalistes (...)

C’est surtout depuis les années 2010 que les partenaires français du réseau Atlas ont pris de l’importance, notamment à travers leur visibilité dans les médias. Ils ont tous des liens avec le monde des affaires, mais aussi, dans bien des cas, avec la sphère politique, en particulier avec l’extrême-droite et la droite radicale. Ils ont bénéficié de formations et d’autres formes de soutien du réseau états-unien, pour leur bataille culturelle. (...)

Ainsi, l’Ifrap (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) (...)

L’Institut de recherches économiques et fiscales (iref) ou l’Institut Molinari, (...)

Contribuables associés, très proche de l’extrême-droite (...)

Plus discret, l’Institut de formation politique (IFP) joue un rôle majeur dans cette machine de guerre idéologique (...)