
Lors d’une conférence sur la sécurité, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a apporté son soutien à Némésis, un mouvement identitaire qui se revendique féministe pour masquer sa xénophobie.
Le « combat » du collectif xénophobe Némésis est aussi celui de Bruno Retailleau. Ce mardi 21 janvier, le ministre de l’Intérieur était l’invité d’honneur d’une conférence organisée par le Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. À cette occasion, il a été interrogé par Alice Cordier, porte-parole du groupuscule d’extrême droite au sujet de la dissolution de l’organisation antifasciste la Jeune Garde. Bruno Retailleau l’a remerciée pour l’action de Némésis. « Je voudrais vous féliciter. Bravo pour votre combat j’en suis très proche », dit-il devant l’assemblée. La scène a été filmée et diffusée sur internet.
Comme à leur habitude, les quelque 200 membres du collectif aiment mettre en avant leurs interventions en s’offrant quotidiennement une petite visibilité sur les réseaux sociaux. Dès la diffusion de cette vidéo largement partagée dans les cercles identitaires, Alice Cordier, s’est précipitée pour communiquer.
Un soutien qui réjouit le groupuscule raciste (...)
En 2020, Alice Cordier définissait Némésis comme un collectif qui a pour but de « promouvoir la civilisation européenne comme le berceau de l’épanouissement des femmes ». Elle prônait ainsi « le communautarisme et la remigration », une position pour l’expulsion des étrangers proposée par Éric Zemmour en 2022, lors des élections présidentielles. Celles qui parlent de violences sexistes et sexuelles infligées aux femmes uniquement lorsque l’agresseur est issu de l’immigration auraient donc les mêmes luttes que le ministre de l’Intérieur ?
Une hypothèse inquiétante (...)
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– (l’Express)
Bruno Retailleau éreinte la Cimade : "Le ministre de l’Intérieur montre une méconnaissance du droit"
"Une partie des associations se sont dévoyées". Dans une interview accordée à L’Express ce 21 janvier, le ministre de l’Intérieur a mis en cause les associations humanitaires d’aide. Bruno Retailleau critique ces acteurs de mission ou d’aide aux migrants, estimant que certaines exercent ces actions de délégation de service public "sans la moindre neutralité". "Qu’une association ait un agenda politique, veuille promouvoir une politique d’accueil massif de l’immigration, c’est son choix, a-t-il déclaré. Ce qui est choquant, c’est quand ces associations profitent des financements de l’Etat pour promouvoir d’autres politiques publiques que celles que l’Etat veut défendre".
Parmi elles, le locataire de Beauvau cible notamment la Cimade, association de solidarité et de soutien aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile (...)
Fanélie Carrey-Conte : Je constate la méconnaissance du droit et le non-respect de la liberté associative qu’exprime le ministre dans son approche. Ses propos sont, de notre point de vue, extrêmement préoccupants. Que fait la Cimade ? Comme bien d’autres associations de solidarité, elle pointe régulièrement les manquements des administrations (...)
– (Contre Attaque)
Bruno Retailleau : un ministre de l’Intérieur néo-fasciste
Projet de dissolution d’un collectif antifasciste, soutien assumé aux identitaires, surenchères contre l’Islam et l’Algérie, menaces contre les associations humanitaires… On fait le point sur Bruno Retailleau.
En France, le Ministère de l’Intérieur est le vrai poste clé, sans doute plus important que le Premier Ministre. Ces dernières décennies nous l’ont montré : celui qui commande la police détient le pouvoir réel et peut ensuite gravir les plus hautes marches du pouvoir.
Or, nous avons en France un Ministre de l’Intérieur néofasciste : Bruno Retailleau. Issu de l’extrême droite vendéenne, il a été propulsé à la tête de la police française lors du coup de force de Macron en septembre dernier. Ces derniers jours, il a mis un coup d’accélérateur brutal à la fascisation de la France.
Porte-voix de l’extrême droite
Bruno Retailleau, ce sont les partis d’extrême droite qui en parlent le mieux. Dès le mois d’octobre 2024, Sarah Knafo, députée européenne de Reconquête, commentait ainsi ses propos : « Ça aurait pu être un discours de notre parti ». Laure Lavalette, du Rassemblement National, déclarait : « Quand on écoute Bruno Retailleau (…) on a l’impression que c’est un porte-parole du Rassemblement National ».
Dès sa nomination, illégitime rappelons-le une nouvelle fois, puisque le parti de Retailleau représente à peine 5% des voix, il décidait d’occuper tout le terrain médiatique. Dans le Journal du Dimanche, Retailleau était allé affirmer que « l’État de droit, ce n’est pas intangible, ni sacré ». C’était une déclaration néofasciste pure et dure.
L’État de droit, en théorie, c’est l’égalité devant la loi, la séparation des pouvoirs, la protection des citoyens contre l’arbitraire, le respect des droits fondamentaux… En France, un Ministre de l’Intérieur dit donc vouloir outrepasser ses propres lois. Cela aurait dû inquiéter l’intégralité de la classe politique, même à droite.
Projet de dissolution d’un collectif antifasciste (...)
Après avoir échoué à dissoudre les Soulèvements de la Terre et Nantes Révoltée, entre autres, le gouvernement continue donc à utiliser cette procédure d’exception, hautement liberticide, contre la gauche. Pour rappel, il n’y a jamais eu autant de dissolutions de toute l’histoire française que sous Macron, et c’est très inquiétant.
Soutien public à un groupuscule identitaire
Au moment même où il annonçait cette offensive contre l’antifascisme, Bruno Retailleau saluait le « combat » du groupe Nemesis devant le Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. (...)
Offensive contre les associations humanitaires
Ce n’est pas tout. Retailleau vient d’annoncer dans l’hebdomadaire L’Express son intention de s’en prendre aux associations humanitaires, et en particulier à la CIMADE. « Je ne vois pas pourquoi l’État financerait des associations qui luttent contre la politique que souhaite le peuple français » a-t-il déclaré. Si l’on suit cette logique, il faudrait donc interdire le MEDEF et différents lobbys capitalistes qui s’opposent à la volonté du peuple français, qui est largement favorable à un meilleur partage des richesses. Mais c’est un autre débat. (...)
En plus de réprimer les corps, le régime actuel dissout ou prive de moyens économiques les rares contre-pouvoirs, alors qu’il subventionne à foison les médias de masse et les grands patrons.
Surenchère contre l’Algérie
Retailleau provoque depuis des semaines une crise diplomatique majeure avec l’Algérie. Son équipe, avec l’aide de médias comme Cnews, a décidé de monter en épingle des vidéos d’une poignée d’influenceurs algériens favorable au régime autoritaire qui dirige le pays. Des vidéos par ailleurs profondément stupides et violentes.
Ainsi, Retailleau a pu souffler sur les braises mal éteintes de la colonisation, et a annoncé à la télévision, portant lunettes de soleil façon chef de gang ou dictateur des années 1970, des mesures brutales. Notamment l’expulsion illégale d’un ressortissant algérien sans attendre la validation de la justice, ou de rompre certains accords bilatéraux entre les deux pays.
Derrière cette surenchère, Bruno Retailleau alimente une tension doublement irresponsable : il détruit les partenariats potentiels avec l’Algérie et expose la diaspora algérienne en France au racisme et aux récupérations du régime de Tebboune. Et dire que ces mêmes responsables politiques parlaient de « ne pas importer le conflit israélo-palestinien » en 2023…
Surtout, Retailleau est Ministre de l’Intérieur. Il n’a aucune raison de s’occuper des relations internationales, qui dépendent du Ministre des affaires étrangères. En le laissant créer des tensions contre l’Algérie plutôt que d’encourager la diplomatie, Macron sait parfaitement ce qu’il fait : alimenter le repli nationaliste et raciste. (...)
Un pouvoir néo-fasciste
Nous l’avons déjà dit, l’extrême droite est au pouvoir de fait en France, et l’actualité nous le montre chaque jour davantage. Certains répondront que c’est dans l’air du temps, que partout en occident, des politiciens d’extrême droite se hissent au gouvernement. Sauf que d’une certaine manière, Retailleau est un symptôme plus inquiétant encore qu’en Italie ou aux USA.
Contrairement à ces pays, où la gauche a disparu de l’échiquier politique, il reste encore en France des forces de gauche. Certes, les scores du RN sont au plus haut, mais malgré toutes leurs limites, la France Insoumise a fait 22% au premier tour des dernières présidentielles, le Nouveau Front Populaire est arrivée en tête aux législatives, les forces sociales ont manifesté par millions en 2023 avec le soutien de la quasi totalité de la population.
En France, l’extrême droite nous est imposée de force.
Islamophobie sans limite (...)
Contrairement à ces pays, où la gauche a disparu de l’échiquier politique, il reste encore en France des forces de gauche. Certes, les scores du RN sont au plus haut, mais malgré toutes leurs limites, la France Insoumise a fait 22% au premier tour des dernières présidentielles, le Nouveau Front Populaire est arrivée en tête aux législatives, les forces sociales ont manifesté par millions en 2023 avec le soutien de la quasi totalité de la population.
En France, l’extrême droite nous est imposée de force. (...)