Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Mediapart
Avec les vendeurs à la sauvette de la tour Eiffel : « La police nous chasse, on n’arrive pas à travailler »
#JO2024 #nettoyagesocial #Paris #migrants #immigration #vendeursalasauvette
Article mis en ligne le 2 août 2024
dernière modification le 30 juillet 2024

Tout au long de l’année, ils tentent de vendre des souvenirs aux passants qui arpentent les abords du lieu le plus touristique de Paris. En amont des Jeux olympiques, ils décrivent un stress permanent face à une présence policière élevée qui tente de les chasser.

Des grillages encerclent les trottoirs jouxtant la station de métro Bir-Hakeim, dans l’ouest de Paris. Au milieu des forces de l’ordre, venues en nombre pour sécuriser la capitale avant que celle-ci n’accueille les Jeux olympiques (JO), des touristes tentent de se frayer un passage pour rejoindre les quais de Seine, en vain.

Ils n’ont pas le fameux QR code qui permet aujourd’hui d’accéder à la « zone grise », où doit se dérouler la cérémonie d’ouverture vendredi 26 juillet. Dépités, les visiteurs suivent alors un parcours semé d’affichettes indiquant la tour Eiffel, accessible depuis les rues adjacentes, où sont déjà présents plusieurs vendeurs à la sauvette, lundi 22 juillet après-midi.

Rue Desaix, deux hommes originaires d’Asie du Sud tentent de vendre des boissons fraîches, entreposées dans des bidons en plastique pleins de glaçons. Lorsque nous les approchons, ces derniers prennent la fuite, et sont enguirlandés par leur comparse, qui leur intime de ne parler à personne. (...)

« La police nous chasse, on n’arrive pas à travailler », rapporte Mouss*, un Sénégalais âgé de 22 ans, resté en retrait pour observer les policiers. « Il y a même pas une heure, ils ont pris ma marchandise. Dans ces cas-là, on est perdants. » Des hommes en uniforme approchent, les exilés se dispersent ; certains se planquent derrière un vélo-taxi.
Cible des policiers en civil

Parmi eux, un adolescent de 15 ans, qui a commencé la vente à la sauvette en décembre et vend cinq petites tour Eiffel pour un euro. « On brade, sinon les gens n’achètent pas. »

Mouss glisse qu’il est difficile de « vivre de cela » depuis un moment déjà. « Mais là, avec tous ces policiers, on a vraiment du mal à gagner de l’argent. Après, les Blancs vont dire qu’on ne travaille pas. »

L’un de ses amis refuse de nous parler. « Trop de stress », il ne veut pas avoir de « problèmes » en plus. (...)

Le soir, les policiers leur courent derrière. Hier, ils ont fait tomber un petit garçon en les pourchassant.

Un chauffeur de taxi près de la tour Eiffel (...)

« Si on ne fait pas ça, on ne mange pas. On ne dérange personne, on respecte les gens. Mais c’est stressant de devoir courir tout le temps parce que la police nous chasse. » Il raconte aussi le racisme de certains touristes, qui ne supportent pas de les voir approcher ou les insultent.

« Ils ne savent même pas qui on est ou ce qu’on vaut. Moi, je suis allé à l’école, je sais lire, j’ai étudié l’informatique. On vient en France parce qu’on n’a pas le choix, on veut juste aider nos familles… » Et, dit-il, avoir un avenir meilleur. « Vendre ces petits souvenirs, ce n’est qu’une étape. »