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Club de Mediapart/ Al.Guilhem Professeur d’histoire-géographie. Auteur du ebook Comment les classes dominantes ont détourné le suffrage universel
Allocution présidentielle : la marche à la guerre comme prétexte à la casse sociale
#guerreenUkraine #financespubliques #Macron #cassesociale
Article mis en ligne le 8 mars 2025
dernière modification le 7 mars 2025

Par son allocution d’aujourd’hui (5mars), Emmanuel Macron initie une économie de guerre probablement nécessaire mais il l’instrumentalise comme un prétexte à un renforcement de sa politique de casse sociale.

Après la dérive xénophobe, la dérive autoritaire, il ne manquait à la fascisation du macronisme que la marche à la guerre. Une marche à la guerre à laquelle la rhétorique macroniste nous a en fait depuis longtemps accoutumé. Depuis le « nous sommes en guerre » de l’époque covid en passant par le « réarmement démographique », les discours présidentiels nous conduisaient tout doucement vers la conclusion de la dernière allocution : « notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix ».

Il semble qu’ E. Macron soit prêt à tout pour rentrer dans l’Histoire. Il a échoué à obtenir le Prix Nobel de la Paix, il lui reste donc à devenir un général de guerre.

Non pas que le fait de préparer une éventuelle guerre soit absurde : nous ne savons pas jusqu’où ira la Russie et l’histoire nous a appris que le pacifisme face à des Etats impérialistes et belliqueux peut engendrer un attentisme qui confine au laisser-faire. Hitler avait instrumentalisé ce bon sentiment pour envahir les pays d’Europe les uns après les autres sans qu’ils ne s’allient contre lui pour défendre leurs voisins. L’esprit munichois est né du pacifisme, il a accouché de la lâcheté. (...)

Sacrifier des régions ukrainiennes à la Russie au nom de la paix, cela ne rappelle-t-il pas le sacrifice des Sudètes au nom d’une paix illusoire ? Les négociations ne doivent pas être un renoncement.

De plus, sachant que D. Trump lorgne sur le Groenland, nous ne sommes pas à l’abri d’un plan de partage de l’Europe entre le leader russe et le leader américain. Que sait-on de ce mystérieux ralliement de Trump à la Russie ? (...)

Mais nous pourrions imaginer d’autres manières de prendre en compte le danger de ces autocraties impérialistes.

On pourrait nationaliser les industries d’armement, comme l’avait fait le Front Populaire en 1936 pour prendre le contrôle de ce secteur vital et assurer le réarmement. Au lieu de cela, E. Macron prévoit d’engraisser les industries de l’armement par des « financements publics » sans que l’Etat en ait le contrôle.

On pourrait augmenter la contribution fiscale des plus riches, comme en 1914 où le Parlement avait décidé de créer l’impôt sur le revenu, faisant céder la digue que les bourgeois construisaient depuis des années contre l’idée d’un impôt progressif. Mais une fois de plus, comme avec le Covid, E. Macron a décidé de ne pas aller chercher l’argent là où il est mais plutôt de demander aux modestes travailleurs de renoncer à leurs conquis sociaux. (...)

Il s’agit donc de détourner l’argent de l’Etat pour le transférer aux actionnaires des industries d’armement. Refusant encore d’augmenter les recettes, E. Macron continue dans sa ligne de restriction des dépenses sociales, ce qu’il indique lorsqu’il parle de « réformes » et de « courage » : on sait à quoi renvoie la notion de courage politique pour nos élus, il s’agit de faire passer en force des réformes impopulaires qui écrasent le peuple et le privent de ses conquis sociaux. D’après le patron du Medef, le Danemark aurait « décidé de reporter à 70 ans l’âge légal de départ à la retraite pour que l’économie sache financer un effort de guerre », ce qui est inexact mais montre ce que les capitalistes attendent de cet effort : la casse sociale, l’allongement du temps de travail et donc du temps d’exploitation par les détenteurs des moyens de production.

La guerre en Ukraine avait déjà légitimé l’inflation des produits alimentaires alors que nous sommes un important producteur et l’inflation du prix de l’électricité alors que nous ne dépendons pas du gaz russe. Les causes étaient aussi diverses que le jeu spéculatif du trading international, les règles absurdes de l’UE sur les prix de l’énergie, le comportement de profiteurs de guerre des fournisseurs et de la grande distribution qui ont accru discrètement leurs marges, etc...

Aujourd’hui, Macron nous a annoncé que la marche à la guerre allait aussi légitimer la casse sociale. (...)