
Depuis des décennies, la science-fiction nourrit notre imaginaire. Nous avons tous lu dans des livres de sidérants récits d’odyssées intersidérales. Nous avons tous vu de spacieux vaisseaux spatiaux voguer d’une étoile à l’autre sur les écrans de cinéma.
Demain, grâce au progrès technologique, nous ne nous contenterons plus de regarder le ciel, nous irons l’explorer et l’habiter. La conquête de la Lune en 1969 n’a été qu’un début. Mars suivra. Tels sont les récits tenus aujourd’hui par de grands capitaines d’industrie tels Jeff Bezos ou Elon Musk.
Mais l’ingénieur Philippe Bihouix n’y croit pas vraiment. Avec l’auteur de BD Vincent Perriot, il exprime son scepticisme dans Ressources, un défi pour l’humanité. La consommation énergétique mondiale augmente de 3 % chaque année, explique-t-il. À ce rythme, la vie ici-bas exigera dans mille cinq cent cinquante ans l’équivalent de toute l’énergie émise par le Soleil. (...)
Ensuite, il faudra aller exploiter d’autres étoiles. Et là, ça se complique un peu : envoyer un gros vaisseau spatial au-delà du Système solaire brûlerait deux fois l’énergie produite aujourd’hui sur Terre pendant deux ans. Rien qu’habiter Mars, comme le propose Elon Musk, nécessiterait « une dépense énergétique immense ».
Les récits de science-fiction ne sont donc pas près de se réaliser (...)
C’est pourquoi Philippe Bihouix nous invite à redescendre sur Terre. Et à changer de rêve plutôt que de continuer à surconsommer les ressources naturelles et minières.Il est possible, selon lui, d’inventer une « civilisation techniquement soutenable » en faisant preuve de « techno-discernement », c’est-à-dire en ne mobilisant les ressources les plus rares et les plus précieuses que pour les usages indispensables. L’avenir est plus au « low-tech » qu’au « high-tech » si l’on veut continuer à contempler le ciel depuis une planète vivable (...)
Ressources, un défi pour l’humanité, de Vincent Perriot, éd. Casterman, 176 p. 28 €.