
Conçu à l’origine comme un clone de Twitter, le service de microblog Weibo a largement évolué, et a gagné en influence. Si Internet a transformé la société chinoise, Weibo semble sur le point de la révolutionner
(...)le microblogging rencontre en Chine un succès bien supérieur à celui qu’il a dans les pays occidentaux. Les chiffres en attestent : sur les 485 millions d’internautes chinois, ils seraient 195 millions à être adeptes de l’expression en 140 signes, selon un rapport publié ce mois-ci par le Centre d’information du réseau Internet de Chine. Soit une augmentation de 208% sur les six premiers mois de 2011, contre 6,1% seulement pour le nombre global d’internautes.
Un immense marché dans sur lequel Weibo, le service proposé par la société Sina, est en situation de quasi-monopole. (...)
« le Twitter chinois » doit surtout son incroyable succès aux caractéristiques de la société chinoise.
« Les Chinois ont un problème de sociabilité, que le Web et Weibo aident à régler, estime l’éditorialiste Yao Bo. Et puis en Chine, les canaux par lesquels nous pouvons obtenir des informations sont trop peu nombreux. Weibo en est un, et il est très efficace. » (...)
De plus en plus, les citoyens-internautes obtiennent donc, via Weibo, voix au chapitre. Les exemples dans lesquels leur implication a contribué à influencer le cours d’affaires publiques ou judiciaires ne manquent pas. (...)
Face à un tel phénomène, les autorités chinoises ne peuvent évidemment pas rester les bras croisés. C’est pourquoi, outre la censure qu’elles s’évertuent à appliquer, elles réfléchissent à une utilisation de l’outil à leur avantage. (...)
Weibo est donc un instrument de déstabilisation du pouvoir, devant lequel le PCC ne sait pas encore comment réagir. Dans une enquête du China Youth Daily, 94,3% des utilisateurs interrogés affirmaient récemment que le microblogging avait changé leur vie.
Pour Renaud de Spens, c’est clair :
« Weibo contribue à mettre une pression structurelle sur le système pour qu’il explose. »
Cependant, les autorités ne semblent pas pour le moment envisager de l’interdire. Il y a trop d’intérêts en jeu, et une partie de l’économie en serait affectée, puisque beaucoup d’entreprises de services l’utilisent comme un outil marketing. (...)
D’autant que la fermeture d’une plate-forme aussi populaire provoquerait une vague d’indignation, comme le rappelle Yao Bo :
« S’ils le faisaient, il y aurait un coût social à payer que le gouvernement ne pourrait pas assumer. »
(...) Wikio