
« Il faut voter utile, sinon encore cinq ans de Sarkozy ! Je ne le supporte plus, moi. Le Parti Socialiste, ce n’est pas forcément le parti qui m’attire le plus, mais il faut bien faire front face à la droite. On ne peut pas se permettre d’être fantaisiste en votant pour ses idées. Il faut être réaliste. »
Quelle triste vision qui se généralise à chaque élection et qui laisse à chaque fois les mêmes idées triompher. La peur de l’UMP, la peur du Front National doivent-ils vraiment nous pousser à voter contre nos idées ?
Nous avons pourtant tellement d’exemples d’échecs de cette gauche qui se prétend réaliste et de pouvoir. Le temps d’une campagne, cette gauche là cherchera à s’écarter le plus possible de la droite qu’elle prétend combattre pour mieux la rejoindre dans les réformes qui seront menés une fois celle-ci au pouvoir. (... )
Et les expériences du Parti Socialiste au sein même de la France ne sont pas beaucoup plus reluisantes. Issu du même milieu, formé dans les mêmes écoles que les autres, ces hommes politiques de gauche continuent d’usurper un label politique qui ne leur sied pas. Leur fournisseur d’idées principal, Terra Nova est depuis longtemps aux pieds des grandes entreprises du CAC 40, au même titre que l’Institut Montaigne de l’autre (du même ?) côté. C’est bien Laurent Fabius qui a instauré la déréglementation financière.
C’est bien Jacques Delors, proche des idées de Hollande, qui a soutenu le traité de Maastricht (interdisant aux pouvoirs publics d’emprunter auprès des banques publiques et qui programme la libéralisation des services financiers). Et ce ne sont clairement pas des cas isolés, le gouvernement Jospin a soutenu la stratégie de Lisbonne et les décisions de Barcelone qui ont permis à la droite de privatiser certains services publics. Le président de l’OMC, Pascal Lamy, est un membre du Parti Socialiste. L’ancien du FMI en était un aussi. C’est donc pour ce modèle, pour ces idées là que vous voulez voter ? (... )
Ne pas voter pour le Parti socialiste entraînerait sûrement un nouveau quinquennat pour Nicolas Sarkozy, et renforcerait d’autant plus l’importance du Front National. Mais imaginons que le Parti Socialiste soit élu, s’il venait à décevoir encore une fois les classes ouvrières (ce qui est probable), ne peut-on pas imaginer, au mieux une victoire de la droite, au pire une victoire du Front National en 2017 ?
Au contraire, imaginons un bon résultat des forces de l’autre gauche (Front de Gauche, NPA ou EELV) et un faible résultat du Parti Socialiste, ce dernier ne serait-il pas encouragé à aller vers un autre modèle ?
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