
Les eurodéputés se prononcent mardi sur la réforme européenne du droit d’auteur, un vote décisif pour ce texte défendu par les médias et les artistes mais combattu par les plateformes américaines et les partisans de la liberté du net.
Présentée par la Commission européenne en septembre 2016, cette réforme aux enjeux financiers conséquents a fait l’objet d’un lobbying sans précédent de la part de ses partisans comme de ses opposants, mobilisés jusqu’au dernier jour.
"Le résultat (du vote) est difficile à prévoir", a estimé une source parlementaire à Strasbourg, favorable à la réforme.
Le texte entend adapter à l’ère du numérique la législation européenne du droit d’auteur, datant de 2001, une époque où YouTube, détenu par Google, n’existait pas.
Son "objectif est de permettre à la presse et aux artistes de percevoir une partie des revenus générés par la diffusion de leurs productions et oeuvres sur internet", expliquent plus de 170 personnalités, dont le DJ David Guetta et l’actrice-chanteuse Louane, dans une tribune dimanche dans l’hebdomadaire français JDD. (...)
Dans l’autre camp, les géants de la Silicon Valley, mais aussi les partisans d’un internet libre, qui craignent de voir restreint ce canal de diffusion.
Samedi, des manifestations ont eu lieu un peu partout dans l’UE, à l’appel de "Save the internet", un collectif que Google affirme "ne pas financer" et qui est mobilisé depuis des mois pour la défense de "l’échange libre d’opinions sur internet".
En Allemagne, coeur du mouvement de contestation, dont l’égérie est une eurodéputée allemande de 32 ans, Julia Reda, seule représentante du parti pirate au parlement européen, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes du pays. (...)
Dans le collimateur des opposants à la réforme, deux articles. Le "13" qui a pour objectif de renforcer la position de négociation des créateurs et ayants droit (compositeurs, artistes...) face aux plateformes comme YouTube ou Tumblr, qui utilisent leurs contenus.
– Filtres inopérants ? -
Il tient désormais les plateformes juridiquement responsables des contenus, les forçant à s’assurer qu’ils respectent bien le droit d’auteur.
Or, pour trier les contenus, le plus simple est d’utiliser des filtres de téléchargement automatiques, des algorithmes mais ceux-ci sont accusés par les partisans de la liberté sur internet d’ouvrir la porte à une forme de censure. (...)
"De nombreux exemples montrent que ces filtres ne parviennent pas à faire la différence entre du contenu qui enfreint les droits d’auteur et du contenu qui les respecte (par exemple les caricatures et les parodies, qui ne tombent pas sous le coup de l’article 13)", affirme ainsi l’Organisation européenne de défense des consommateurs (BEUC). (...)