
Qu’est-ce que la conscience et quelle est sa nature profonde ? Sommes-nous tous des zombis prisonniers d’un cerveau qui n’en fait qu’à sa tête ? Possédons-nous vraiment un libre arbitre ?
Avec
Stéphane Charpier, professeur de neurosciences à Sorbonne Université et directeur de l’équipe "Excitabilité cellulaire et dynamiques des réseaux neuronaux" à l’Institut du Cerveau (ICM).
Il y a plus de quatre siècles, Blaise Pascal faisait cette remarque : "L’homme est à lui-même le plus prodigieux objet de la nature, car il ne peut concevoir ce que c’est que corps, et encore moins ce que c’est qu’esprit, et moins qu’aucune chose comment un corps peut être uni à un esprit. C’est là le comble de ses difficultés, et cependant c’est son propre être."
Depuis, avons-nous progressé dans l’examen de cette difficulté entrevue par l’auteur des Pensées ? Avons-nous par exemple appris des choses à propos de ce que nous appelons notre "libre arbitre" ? Nous avons tous le sentiment que nous sommes capables de faire des choix raisonnés, de prendre des décisions librement et mûrement réfléchies, et que notre cerveau est en somme là pour prendre acte de nos volontés puis de les exécuter. Mais qu’en disent les neurosciences contemporaines ? Notre bon vouloir apparent ne serait-il pas sous le contrôle d’activités neuronales indépendantes de ce que nous appelons notre "conscience" ?
Avec Stéphane Charpier, coordinateur de l’équipe Excitabilité cellulaire et dynamiques des réseaux neuronaux de l’ICM et professeur de neurosciences à l’Université Pierre et Marie Curie, auteur de : “Le cauchemar de Descartes” (Albin Michel, 2025).
Lire aussi :
– (Editions Albin Michel)
Le Cauchemar de Descartes, Stéphane Charpier
Nous avons tous la certitude que notre existence est guidée par des choix raisonnés, reléguant notre cerveau au rôle de simple exécutant de notre conscience. Issue du dualisme cartésien, cette vision « cogito-centrée » est remise en cause par les neurosciences modernes.
« Mon âme est comme un orchestre caché » écrivait Fernando Pessoa dans Le Livre de l’intranquillité : de fait, d’intenses activités neuronales précèdent nos intentions conscientes. Des expériences ont ainsi détecté une information prédictive d’un comportement moteur jusqu’à plusieurs secondes avant tout mouvement délibéré ! Elles sonnent le glas de la célèbre formule « Je pense donc je suis », déjà mise à mal par d’impressionnants cas pathologiques, comme ce médecin qui, en pleine crise d’épilepsie, parvint à consulter sans être conscient…
Qu’est-ce que la conscience et quelle est sa nature profonde ? Sommes-nous tous des zombis prisonniers d’un cerveau qui n’en fait qu’à sa tête ? Possédons-nous vraiment un libre arbitre ?
Une synthèse aussi vertigineuse que magistrale.