
Dans ce long papier publié ce jour dans Progress in Brain Research, nous avons proposé, Francis Eustache (neuropsychologue) et moi, les fondements des sciences de la mémoire que nous appelons de nos voeux.
En nous appuyant sur le Programme 13-Novembre https://t.co/OjsgKT15So— DenisPeschanski (@DenisPeschanski) September 6, 2022
Résumé
Les études consacrées à la mémoire individuelle et collective ont évolué de manière cloisonnée depuis plus d’un siècle. On rappelle les travaux historiques les plus emblématiques de deux visions distinctes de la mémoire : ceux du psychologue expérimental Hermann Ebbinghaus qui mesurait la mémoire, sur lui-même, à partir de listes de syllabes dépourvues de sens, et ceux du sociologue Maurice Halbwachs pour qui tout acte de mémoire est un acte social.
Depuis le début des années 2000, le virage social des sciences du vivant et, plus rarement, l’ouverture des sociologues et des historiens aux sciences du vivant tendent à rapprocher ces courants jusque-là cloisonnés.
Le Programme 13-Novembre s’est emparé d’une diversité d’outils de recherche sur la mémoire en les appliquant à un événement traumatisant de la société française : les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et sa proche banlieue. L’objectif principal de ce programme est de mieux comprendre les liens entre mémoire individuelle et mémoire collective dans la construction de ces mémoires liées à cet événement traumatique.
Cette recherche est fondamentalement transdisciplinaire, c’est-à-dire développée par des chercheurs de différentes disciplines, et longitudinale sur 12 ans pour comprendre l’évolution des souvenirs dans le temps. Nos études se concentrent sur les personnes les plus proches de l’événement traumatique - et susceptibles de développer un trouble de stress post-traumatique - et sur celles qui étaient plus éloignées mais qui sont plus représentatives de la population générale. Nous présentons quelques-uns des résultats, issus des données recueillies dans les études du programme qui alimentent notre plaidoyer pour les nouvelles sciences de la mémoire.