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l’Humanité
Vaccins. Bruxelles durcit les exportations et pénalise les pays pauvres
Article mis en ligne le 26 mars 2021
dernière modification le 25 mars 2021

Le virus de l’égoïsme plane sur le monde, et c’est une nouvelle épidémie dans la pandémie. Jeudi, l’Inde a décidé de retenir dorénavant toutes les doses d’AstraZeneca fabriquées par son sous-traitant, le Serum Institute of India, l’un des plus gros producteurs au monde. Ces fioles que se disputaient déjà depuis des semaines les Britanniques et les Européens, alors qu’elles devaient, en théorie, aller vers les pays les moins riches sur toute la planète, seront désormais réservées à l’Inde elle-même…
Un mécanisme de contrôle

La brèche, funeste, a été ouverte par l’Union européenne dès la fin du mois de janvier.

Mercredi, alors que le premier ministre britannique venait d’en rajouter une couche en affirmant, devant la frange la plus ultra-libérale de ses partisans à Westminster, avoir obtenu ses vaccins grâce au « capitalisme » et la « cupidité », l’exécutif européen a encore renforcé et étendu le dispositif : le principe, c’est que toute exportation de vaccins doit être validée par l’État membre où la fabrication est faite, avec un contrôle supplémentaire de la Commission.

L’UE prétend continuer d’autoriser les exportations vers les pays les plus pauvres, mais dans les faits, elle a encore restreint la liste des livraisons autorisées. (...)

Une Europe plus libérale que les États-Unis

Jusqu’ici, la bagarre s’est nouée avec les Britanniques autour du vaccin AstraZeneca : les Européens n’ont reçu aucune fiole produite outre-Manche et ils craignent de voir 15 millions de doses fabriquées chez un sous-traitant néerlandais, toujours pas homologué par l’Agence européenne des Médicaments (EMA), atterrir chez Boris Johnson. Mais un autre front pourrait s’ouvrir très vite avec le vaccin Johnson & Johnson, validé pour l’UE il y a deux semaines, mais très peu produit : l’administration Biden, aux États-Unis, semble avoir mis la main sur tous les premiers stocks disponibles…

Dans toute cette histoire, l’UE n’est pas seulement naïve, mais elle est surtout plus néo-libérale que les États-Unis et le Royaume-Uni qui ont bien plus planifié la production concrète de vaccins qu’elle… et qui tirent du coup les marrons du feu aujourd’hui… (...)

au parlement européen, près de 300 élus réclament que l’UE soutiennent la proposition de l’Afrique du Sud et de l’Inde, et en Italie, la chambre des députés a, à une écrasante majorité, adopté en milieu de semaine une motion demandant au gouvernement Draghi d’agir au sein de l’UE pour parvenir à cette même position. Sur le contrôle des exportations, alors que l’Allemagne et la France soutiennent le durcissement décidé par la Commission, plusieurs États - les Pays-Bas, la Belgique et surtout l’Irlande - s’inquiètent de cette spirale qui risque de freiner encore l’accès aux vaccins.

« Une fois que vous commencez à dresser des barrières, d’autres se mettent à en dresser aussi, et à la fin, tout le monde y perd », argumente le premier ministre libéral Micheal Martin à Dublin.