Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
Urbanisation, changement climatique et appauvrissement des sols : le cocktail qui favorise les inondations
Article mis en ligne le 18 octobre 2018

Des inondations meurtrières viennent de frapper le département de l’Aude. Sous l’effet du changement climatique, ces épisodes de pluies diluviennes devraient s’intensifier dans les années à venir, en particulier sur le pourtour méditerranéen. Or, les velléités des élus de construire et d’urbaniser à outrance, y compris en zones inondables, restent fortes. L’agrochimie appauvrit les sols qui perdent leur rôle d’éponge en cas de pluies torrentielles. A travers l’aménagement du territoire, les collectivités locales ont pourtant un rôle clé à jouer pour limiter les conséquences de ce phénomène.(...)

Quels enseignements tirés depuis les inondations de 1999 ?
Ce n’est pas la première fois que des inondations catastrophiques touchent le département de l’Aude. Les 12 et 13 novembre 1999, un épisode orageux diluvien s’abat sur l’ouest du Languedoc. Dans l’Aude, 25 personnes trouvent la mort, une personne est portée disparue et 200 000 personnes sont touchées par ces très fortes pluies. Les images d’archives collectées par Keraunos, l’Observatoire français des tornades et orages violents, ressemblent à celles diffusées en boucle ces derniers jours sur les chaines d’information.(...)

« Suite à la catastrophe de 1999, l’Aude a pris un certain nombre de décisions », relève Maryse Arditi, présidente de l’association Eccla (Ecologie du Carcassonnais, des Corbières et du Littoral Audois). Elle salue la création en 2002 par le département d’un Syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières (SMARR), qui travaille notamment à la régulation des cours d’eaux. « Auparavant, il y avait 17 syndicats de rivières, désormais un seul organisme coordonne le tout », note t-elle. « Le deuxième enseignement, c’est que l’État s’est mis en mouvement par rapport au plan de prévention des risques inondation. » Ce plan, dit « PPRI », est destiné à évaluer les zones pouvant subir des inondations et propose des remèdes techniques, juridiques et humains pour y faire face. Des plans de prévention des risques littoraux (PPRL) ont également été pris depuis 2016 dans cinq communes de l’Aude, ajoute Maryse Arditi [3].

« Une forte volonté d’urbaniser, même en zone inondable ! »
Mais sur le terrain, ces plans de prévention des risques, qui freinent les constructions, se voient attaqués par des élus. « Il y a une forte volonté d’urbaniser, même en zone inondable. C’est insupportable ! », dénonce Maryse Arditi. Des infrastructures publiques comme l’hôpital de Carcassonne, construit en zone inondable, s’est ainsi retrouvé sous les eaux en début de semaine(...)

La présidente de l’Eccla observe plus globalement « une volonté permanente des élus de développer leurs communes et d’avoir un maximum d’habitants ». Ces constructions se traduisent par une imperméabilisation des sols qui aggrave les phénomènes d’inondations.(...)

Supermarchés partout, prévention nulle part(...)

La comparaison des photos aériennes de Trèbes (ci-dessus), entre 1950 et aujourd’hui, témoigne de l’urbanisation galopante au détriment des terres agricoles, des haies et talus qui contribuaient à réguler l’écoulement(...)

Un sol agricole vivant joue un rôle d’amortisseur des pluies d’orage(...)

Cette capacité d’infiltration est particulièrement cruciale lors des pluies violentes. Un sol agricole vivant (en particulier riche en vers-de-terre) et bien structuré peut absorber entre 40 et 100 mm d’eau en une heure et joue donc un rôle d’amortisseur des pluies d’orage », illustre Jacques Caplat [7]. Or, la plupart des sols agricoles dégradés actuels n’absorbent qu’un à deux millimètres d’eau avant d’être immédiatement saturés en surface. Tout le reste ruisselle et provoque des débordements violents des cours d’eau. « Nous sommes aujourd’hui dépassés, on ne maitrise plus rien, commente Michel Yvroux. Il faudrait mettre en cause le mode d’urbanisme et d’agriculture qui imperméabilise les sols. L’équation est insoluble. » A moins qu’une insurrection des soci