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Une autre montagne, un film sur la résistance quotidienne des femmes en Turquie
Başka Bir Dağ, une autre montagne Documentaire de 82 minutes Réalisation : Anouck Mangeat et Noémi Aubry
Article mis en ligne le 18 septembre 2017

Comment lutter pour les droits des femmes et contre la guerre en Turquie ? Le documentaire Une autre montagne, sorti en 2017, dresse le portrait de trois femmes, libres, féministes, courageuses et combatives. Les réalisatrices Anouck Mangeat et Noémi Aubry nous entraînent dans un voyage en Turquie, à la rencontre de celles qui mènent un combat politique sur plusieurs fronts, dans la rue comme dans leur vie quotidienne et leurs espaces de vie intime. Le film met en lumière, avec justesse, l’héritage des luttes passées et leur nécessaire transmission pour les générations futures. Chronique et interview des réalisatrices par l’association Les Lucioles du doc.

Ces femmes, résistantes et rebelles, font allusion aux massacres, répressions et ostracismes culturels perpétués par l’État turc. Elles se promènent dans le même temps, non sans préoccupation, dans Istanbul, étendent leur linge, font du café, tiennent un restaurant. Le ton et l’attitude de ces femmes, à la fois lucide et léger, sérieux et rieur, interrogent sur ce passé douloureux mais avec lequel elles sont en paix.

À travers leur témoignage, elles questionnent la postérité des luttes armées des années 1970 et 1980 dans la Turquie d’aujourd’hui et de demain. La violence manifeste de ce passé a laissé place à une violence larvée, officielle, où toute tentative d’opposition paraît vouée à l’échec, où l’embrigadement et le formatage idéologique – il y a ces images des enfants rangés comme des soldats pour chanter l’hymne national dans une cour d’école – semblent l’avoir emporté. « De toutes façons, quoi que tu fasses, tu n’es jamais aussi fort que l’État. »

Les réalisatrices reviennent longuement sur l’implication d’Ergül, une des trois protagonistes, au sein des mouvements révolutionnaires des années 1970, et celles de Sinem et Burcu, les deux autres figures du film, lors des protestations de 2013 engendrant notamment l’occupation du parc Gezi et de la place Taksim. (...)

Au-delà de l’évocation d’un passé douloureux ponctué de moments d’espoir, c’est l’avenir de leur pays qui préoccupe surtout ces femmes. Inquiètes non seulement d’être un jour retrouvées et pourchassées pour leur militantisme parfois vieux de 25 ans – « Elle m’inquiète beaucoup cette vidéo où j’apparais en train de manifester. » – mais surtout de leur condition de minorités, en tant que femmes kurdes, dans les années à venir. Perplexes, elles interrogent leur possibilité de rester libres et y dénoncent la politique réactionnaire et nationaliste orchestrée par Erdoğan. Les kurdes « disparaissent un par un et tout le monde semble l’accepter. »

Ce témoignage collectif représente une occasion rare de réfléchir sur la notion de courage : le courage n’étant pas de n’avoir peur de rien, mais d’agir en dépit de sa peur.(...)

Liste des projections à venir :

le 30 septembre à 14h à l’espace Jean Vilar dans le cadre du festival Femmes en résistance, Festival féministe de documentaires - Arcueil, France.
le 27 septembre au Festival international du film de femmes de Salé (compétition documentaire)- Salé, Maroc.
le 16 novembre au Cinéma American Cosmograph à Toulouse.