
Une confiscation en bonne et due forme de l’appareil économique a été entreprise depuis la fin des années 70 par une infime minorité qui a redistribué en sa faveur le produit du travail des autres.
Ce ne sont effectivement pas tant nos usines, nos industries et nos entreprises qui ne sont pas ou plus productives. En fait, cette productivité a été monopolisée au bénéfice d’une élite qui a assisté - totalement indifférente- au creusement d’un fossé entre salaires réels et productivité.
L’Allemagne elle-même, qui s’érige en donneuse de leçon de productivité, n’a pu bénéficier d’une croissance au-dessus de la moyenne européenne qu’à la faveur de sacrifices constants exigés à sa population. Le moteur à l’exportation allemand ne rugit pas seulement par la grâce de la force productive de ses entreprises. (...)
Cette compétitivité maintes fois invoquée est en fait une notion subjective désignant la capacité d’un pays et de ses entreprises à affronter la concurrence . Flou qui entretient les fantasmes, qui nourrit les préjugés et qui permet ainsi au patronat opportuniste - et au politique dépassé par les évènements - de privilégier une compétitivité par le bas (...)
la complainte patronale faisant de la baisse du taux de marge la raison profonde des faibles investissements et du moindre effort en matière de recherche et développement ne tient pas la route. Elle passe en effet sous silence la part de plus en plus lourde que les entreprises choisissent de distribuer aux propriétaires de capital, quelle que soit l’intensité de la crise économique et financière. Avec une remise en cause profonde de la capacité des entreprises à faire face à toutes les aspérités de la compétitivité du fait de ces distributions. Voilà pourquoi les droits des salariés subissent une attaque sans précédent, voilà pourquoi les coûts doivent être comprimés si le but est bien de gagner des parts de marché à l’export. (...)
Logique toutefois prise dans des contradictions inextricables, car le discours orwellien des industriels et des patrons d’entreprise atteint des sommets d’invraisemblance et d’arrogance dès lors qu’ils expliquent que lutter contre les plans de licenciements revient à…lutter contre l’emploi ! Comprenons une fois pour toutes que compétitivité ne rime pas nécessairement avec chômage, avec précarité, ni avec explosion des inégalités, contrairement à ce que marchés et patrons imposent aux salariés et aux travailleurs depuis plus de vingt ans. (...)
L’action politique doit aujourd’hui renaître de ses cendres car il lui incombe de déterminer les règles du jeu économique et de mettre sous tutelle le néo-libéralisme. (...)