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Reporterre
Un multimilliardaire chinois derrière le projet Europacity
Article mis en ligne le 7 novembre 2016

Le parc de loisirs et de commerces Europacity doit ouvrir ses portes en 2024. Pour financer ce projet très contesté, la branche immobilière d’Auchan s’est associée à Wanda, un géant chinois.

Europacity est un projet colossal qui doit voir le jour à Gonesse (Val-d’Oise), au nord de Paris, en 2024 au plus tôt. Pour cet immense centre commercial et de loisirs, situé entre l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle et celui du Bourget, il est prévu un investissement sur fonds privés de pas moins de 3,1 milliards d’euros. Pour atteindre cet objectif, Auchan, porteur du projet, a noué cette année un partenariat avec un colosse chinois : Wanda. Mais que va chercher le conglomérat asiatique dans le triangle de Gonesse ? Reporterre a tenté d’y voir plus clair.

Le budget d’investissement global d’Europacity « se situera autour des 3 milliards d’euros. Nous n’avons pas vocation à les financer ». Pour Benoît Lheureux, président exécutif d’Immochan, la branche immobilière du groupe Auchan, les choses sont claires : l’enseigne de la famille Mulliez n’a pas l’intention d’assumer seule le projet. C’est pourquoi, au mois de février, le maître d’ouvrage Alliages et Territoires, filiale d’Immochan, a conclu un accord de partenariat dont le montant est resté secret avec Wanda, un géant chinois des loisirs. Ils vont « réaliser ensemble Europacity, le plus important projet privé de loisirs, culture commerce et divertissement d’Europe », précise le communiqué de presse. Très peu de détails ont filtré sur la nature de cet accord jusqu’à ce que Le Figaro annonce au mois de septembre 2016 que Wanda avait pris 49,9 % du capital d’Alliages et Territoires. (...)

Pour les opposants au projet, l’arrivée de ce mastodonte n’est pas un bon signal. « L’intérêt de Wanda est de pénétrer le marché européen, comme les investisseurs chinois s’implantent dans l’agriculture. Cela participe d’une stratégie du capitalisme chinois, une forme d’impérialisme qui s’étend en Afrique et, de plus en plus, en Europe, et cela ne fait que renforcer notre opposition au projet », s’inquiète Bernard Loup, coprésident du collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), qui organise, mardi 8 novembre, une réunion publique à Paris, à laquelle Reporterre prendra part, pour dénoncer un « Dubaïland consumériste ».

Sans s’avancer sur les ambitions de Wanda, Mary-Françoise Renard, professeur à l’université d’Auvergne et spécialiste de l’économie de la Chine, rappelle que « la stratégie chinoise consiste le plus souvent à investir dans des domaines où l’on peut bénéficier de transferts de technologies ou de savoir-faire, pour les développer ensuite dans son pays ». Wanda qui « investit énormément partout dans le monde » veut « probablement élargir ses compétences et dupliquer le modèle » d’Europacity, sachant que la Chine ne bénéficie pas d’un savoir-faire historique en matière de tourisme, analyse la chercheuse. (...)

Sur le papier, Europacity s’étendra sur 80 hectares de riches terres agricoles (ce qui fâche notablement les opposants) découpés entre : 150.000 mètres carrés de surface « loisirs » incluant une piste de ski couverte et un parc aquatique avec surf et spa, 230.000 mètres carrés de commerces, 50.000 mètres carrés d’espaces culturels de type salles de spectacle, halle d’exposition, 20.000 mètres carrés de restaurants. Des aménagements sont à attendre, car, après le débat public, une nouvelle version doit être présentée le 13 décembre. Le complexe est destiné à s’intégrer dans le projet de ZAC du triangle de Gonesse, c’est-à-dire 299 hectares d’aménagements urbains desservis par une nouvelle ligne de métro. Soit le plus grand projet d’un investisseur privé en France depuis la construction de Disneyland Paris en 1992.

L’arrivée de Wanda changera-t-elle les contours du projet ? Blaise Martin, qui a effectué un travail minutieux de veille dans la presse pour le CPTG, craint en tout cas que ce partenariat ne renforce la transformation du projet en « un magma de culture globalisée et sans âme ». Le profil du patron du conglomérat chinois va bien dans le sens d’un projet hors normes. (...)

Un Forum débat "Non à Europacity" aura lieu mardi 8 novembre à 20 h à Paris