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République
Un mot dans l’air du temps "Islamistes"
Article mis en ligne le 19 novembre 2011
dernière modification le 18 novembre 2011

"Victoire des islamistes", titrent avec inquiétude les journaux, après l’élection de l’assemblée constituante en Tunisie fin octobre. Pour certains, tel Jean Daniel (Nouvelobs.com), il s’agit d’une défaite des « laïcs » qui pourrait porter un coup fatal au « printemps arabe ». Mais les éditorialistes semblent bien en peine d’expliquer la nature de cette nouvelle force parlementaire. Tel ce journaliste de TF1 présentant avec perplexité une élue du parti Ennahda qui ne porte pas le voile. Difficile à comprendre dans une logique globalisante.

Le mot « islamiste » est, en effet, fréquemment utilisé pour désigner sans distinction différents mouvements politiques dans le monde arabe. Il peut ainsi s’agir d’Ennahda en Tunisie, du Parti pour la justice et le développement (AKP) dont le gouvernement sunnite démocratiquement élu en Turquie frappe à la porte de l’Union européenne, des Frères musulmans (en Egypte, Jordanie et Syrie), du Front islamique du salut (FIS) en Algérie, du Hezbollah libanais, du Hamas palestinien, etc. (... )

Les dictatures arabes, souvent soutenues par les pays occidentaux, ont créé un vide politique. Les mouvements laïcs ont été laminés, leurs dirigeants arrêtés. « L’essor des mouvements islamistes, rappellent Alain Gresh et Dominique Vidal, journalistes au Monde diplomatique1, est aussi lié au vide politique créé dans le monde arabe par la répression multiforme des années 1950-1960 : partis interdits, syndicats caporalisés, organisations populaires vidées de toute substance. ». Les Etats-Unis ont ainsi soutenu des groupes islamistes radicaux par peur de voir s’installer des régimes communistes au Proche-Orient ou au Maghreb.
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Quand les sociétés se décomposent, la religion devient un recours, un refuge mais cela ne veut pas dire que c’est sa version la plus radicale qui va l’emporter même si les exemples de ce type d’extrémismes sont nombreux et préoccupants. Il est regrettable à cet égard que le succès d’Ennadah en Tunisie ait quelque peu fait oublié l’extraordinaire mobilisation des populations locales qui ont souvent fait la queue pendant des heures pour aller voter. C’est la première élection libre dans ce pays depuis des décennies et c’est déjà une victoire. Dans le monde arabe, les scrutins démocratiques sont inexistants. Un seul précédent pouvait jusque là être revendiqué : la Palestine. Ce serait donc un contresens de laisser croire, comme on le lit parfois, que les Arabes de seraient pas mûrs pour la démocratie… (... )

D’autre part, la stigmatisation ne permet pas d’observer finement les mouvements islamistes.
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« Petite ou grosse, une moitié des Tunisiens a voté pour des partis laïcs, note Guetta, un Tunisien sur deux n’a pas voté islamiste et cette réalité majeure, cette si réjouissante confirmation du fait que ce pays et, derrière lui, l’ensemble du monde arabe sortent enfin de l’alternative fatale entre dictatures et barbus. »

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