
Plus de 8 milliards de US$ d’applications financières sont entrés au Brésil durant les 2 premiers mois de l’année 2012, 46% de plus que durant tout le premier semestre 2011, provoquant une forte hausse du R$
. Et il y a comme un parfum de cynisme dans cette arrivée incontrôlée de capitaux car ils proviennent en majorité de banques européennes à qui la Banque Centrale Européenne a prêté de l’argent à des taux extrêmement bas pour les aider à surmonter la crise grecques. Ces établissements se dépêchent de réinvestir ces montants au Brésil où les taux d’intérêt sont 4 à 5 fois plus élevés.
Une manière facile de faire des bénéfices qui déséquilibre le marché des changes. Ce n’est pas du tout du goût des autorités brésiliennes qui dénoncent un « tsunami monétaire pénalisant gravement l’industrie nationale ». La valorisation du R$ par rapport au dollar, conséquence inévitable de ces mouvements financiers incontrôlables, empêche non seulement le Brésil d’être concurrentiel dans l’exportation de ses produits industriels, mais encore pénalise les fabricants brésiliens sur le marché national : ils ne peuvent plus rivaliser avec les produits importés, chinois notamment, chaque jours meilleur marché à cause de la baisse du billet vert. (...)
Angela Merkel a répondu aux préoccupations de Dilma Rousseff en dénonçant la montée du protectionnisme dans les pays émergeant comme une des raisons qui empêche l’Europe de sortir de sa crise. Diplomatiquement, elle n’a pas cité directement le Brésil, mais personne n’est dupe. Car la fermeture des frontières et l’augmentation des taxes sur les produits importés sont au centre de la politique adoptée par le Brésil pour lutter contre la valorisation perpétuelle de sa monnaie.
La plupart des observateurs nationaux soutiennent cette offensive protectionniste des autorités face aux déséquilibres monétaires provoqués par la crise européenne. Même s’ils soulignent que c’est le gain de compétitivité des entreprises plus que la fermeture des frontières qui permettra à terme de rééquilibrer les choses. Ils insistent aussi sur le fait que l’Europe doit prendre des mesures régulatrices pour éviter que les subventions publiques destinées à sauvegarder l’euro ne contribuent à stimuler la spéculation sur les changes dans les pays émergeants.
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