
La journaliste et historienne franco-russe Galia Ackerman a travaillé pendant vingt ans sur la catastrophe nucléaire, se rendant dans les zones contaminées en Ukraine et en Biélorussie.
Le 26 avril 1986, jour de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, Galia Ackerman est à Paris, avec sa fille aînée de 3 ans et son deuxième mari, Samuel. « J’avais vraiment d’autres choses à penser. Je connaissais le gros du sujet, mais je n’étais pas emballée. »
Quelle est la part du hasard et de la prédestination dans la vie ? Galia se pose encore la question aujourd’hui. (...)
Traductrice littéraire en plus de ses activités de journaliste et d’historienne, cette Franco-Russe de 71 ans reçoit en 1997 La supplication, de Svetlana Aleksievitch, écrivaine biélorusse, prix Nobel de littérature en 2015. « En traduisant ce livre sur Tchernobyl, il m’est rentré dans la chair. J’étais très impressionnée, j’ai commencé à m’intéresser à cette catastrophe. » (...)

Un caractère solitaire, renforcé par l’exclusion dont elle est victime parce que juive. « Il y avait un climat d’antisémitisme populaire, particulièrement chez les enfants. » Ses parents, juristes, détonnent par rapport à l’environnement social du quartier, rythmé par l’ivrognerie et les conflits familiaux. « Mes camarades d’école ne comprenaient pas quand ils voyaient les rayons avec 2.000 livres dans notre petit appartement. »
Celle qui voulait déjà être critique littéraire à ses 15 ans comprend rapidement qu’elle ne pourra pas exercer librement sa vocation en Union soviétique. « La seule manière pour que je ne sois pas trop encadrée par la censure était de m’éloigner de l’histoire contemporaine. » (...)
Alors après un master à Moscou en histoire de l’antiquité, elle suit son premier mari sioniste en Israël en 1973 et y donne des cours. Elle soutient ensuite une thèse à Paris et s’y installe définitivement en 1984. Elle y rencontre des dissidents russes, expulsés par le régime soviétique sous Brejnev. (...)
En 1988, Galia rentre à Radio France internationale au service Russie. Elle y restera vingt-cinq ans et partira souvent en mission en Russie. Une façon de garder le contact avec le pays de son enfance, « sans y partir en vacances ». (...)
La mini-série Chernobyl confirme une nouvelle fois la puissance de captation des séries. Quand Galia traduit le livre de Svetlana Aleksievitch en 1997, le succès n’est pas tout de suite au rendez-vous. « Preuve que Tchernobyl n’était pas un sujet porteur, il était difficile de trouver un éditeur ! Le livre s’est tout de même installé comme un long-seller ; autrement dit, il continue de se vendre encore aujourd’hui. »
À partir de cette traduction naît l’obsession de cette femme pour la catastrophe nucléaire. Elle lit, écrit, se rend sur les zones contaminées en Ukraine et en Biélorussie pour rencontrer les scientifiques qui y travaillent, les trafiquants de métaux contaminés, les quelques personnes qui sont revenues y vivre… Malgré les risques d’irradiation.
Ce travail reflète la détermination et le courage de cette Franco-Russe libre, qui a tiré de toutes ces années sur le terrain plusieurs livres dont le dernier s’appelle Traverser Tchernobyl (2016). (...)