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Var matin
"Les Résistants seraient atterrés de voir le niveau de l’extrême droite aujourd’hui en France" : entretien avec l’historien varois Jean-Marie Guillon
#Resistance #extremedroite
Article mis en ligne le 12 mai 2025
dernière modification le 10 mai 2025

Professeur émérite des universités à l’Université d’Aix-Marseille, historien contemporanéiste et spécialiste de la France et de la Provence des années 1940, Jean-Marie Guillon ne pouvait pas rater la célébration des 80 ans de la capitulation de l’Allemagne nazie.

(...) Comment a été vécue l’annonce de la capitulation nazie dans le Var et la région ?

Comme dans toute la France : avec des scènes de joie, de soulagement, dans les villages, sur les places des villes… Les cloches ont sonné, là où il en restait. La joie était un peu moins extrême que lors de la Libération, en août 1944, mais forte quand même, c’était la fin du cauchemar. Avec un bémol quand même…

Lequel ?

C’est au moment de la capitulation que la population a appris avec effroi l’horreur des camps de concentration. Quelque temps après suivra le retour des déportés...

80 ans après cette capitulation, la génération témoin de l’époque disparaît…

Oui, cela pose évidemment la question de la nécessaire transmission, du devoir de mémoire. Les générations qui ont vécu cette époque en tant qu’acteurs ont disparu (...)

Ces valeurs – la démocratie, la République… – se trouvent-elles aujourd’hui menacées ?

Oui, je le crains. La mémoire est aujourd’hui souvent formatée par des moyens de communication qui ne sont pas contrôlés… Il faut que tous ceux qui ont en charge la vie publique - l’école, les institutions, les médias, etc. - se mobilisent pour préserver ce savoir, comme ils l’ont bien fait lors des 80 ans de la Libération de Provence par exemple. Mais on distille dans la tête de nombreuses personnes que les paroles d’autorité de ces institutions légitimes seraient discréditées, ne vaudraient rien. À côté de cela, on va croire n’importe quel charlatan… Les forces que nous avons face à nous sont redoutables, et utilisent des canaux que nous ne maîtrisons pas.

Il faut s’appuyer sur la citoyenneté ?

Tout à fait : par l’éducation, notamment à l’esprit critique, il faut former les citoyens. (...)

Pourquoi ce devoir de mémoire est-il essentiel ?

Nous devons savoir d’où l’on vient. Les libertés dont nous jouissons aujourd’hui, et depuis 80 ans, elles viennent de là. Il ne faut pas reculer sur la défense des valeurs de la démocratie et de la République, qui sont menacées aujourd’hui. En 1945, l’extrême droite nationaliste a disparu, totalement discréditée par le régime de Vichy. Si les Résistants de l’époque revenaient aujourd’hui, ils seraient atterrés de voir le niveau de l’extrême droite en France, et la banalisation de son discours et de ses idées dans le débat public. (...)